Dystopie et guerre de communication

En haut : des haut-parleurs disséminés dans la bande de Gaza.
En bas : des camions "Remember October 7" dans les rues de New York.
La guerre de communication de l'État israélien est dystopique.

Vendredi 26 septembre, le Premier ministre génocidaire d’Israël était à New York, pour prononcer un discours à l’Assemblée de l’ONU. Une tentative de riposte suite à la reconnaissance de la Palestine par plusieurs pays occidentaux, et à l’isolement de plus en plus fort d’Israël sur la scène internationale.

On peut s’étonner que cet individu visé par un mandat d’arrêt international pour crimes contre l’humanité puisse encore se promener tranquillement partout dans le monde, et en particulier dans un lieu prétendument garant du droit international et de la paix. Pour autant, sa visite est déjà un désaveu total : il a été hué à l’ONU, et les représentants de la quasi totalité des Nations se sont retirées de la salle à son arrivée. Le Premier ministre fasciste a donc parlé devant une assemblée quasiment vide, pendant qu’à l’extérieur du bâtiment, des milliers de personnes manifestaient contre lui. L’État colonial est un paria.

Cela n’a pas empêché Netanyahou de prononcer à nouveau de violentes menaces telle que «Nous allons finir le travail !» Mais c’est en terme de propagande que l’offensive israélienne est la plus dystopique.

D’abord, le cabinet de Netanyahou a demandé à l’armée israélienne de diffuser en direct son discours aux habitants de la bande de Gaza. Un ordre a été donné de disperser des haut-parleurs installés sur des camions et des grues dans toute l’enclave palestinienne. Certains haut-parleurs ont été amenés jusqu’à des postes militaires, à plusieurs kilomètres à l’intérieur du territoire. Le bureau de Netanyahou parle d’un «effort de diplomatie publique», une novlangue hallucinante. George Orwell et ses prédictions sont dépassées : un gouvernement en train de commettre un génocide diffuse à pleine puissance, dans un camp de concentration à ciel ouvert, cerné de murs et de barbelés, au milieu de ruines et de charniers, le discours du chef des génocidaires pour humilier les survivants.

Cette méthode a déjà été utilisée par les totalitarismes. Les nazis ont placé des haut-parleurs dès les premiers camps créés en 1933 : des camps de «rééducation» qui enfermaient les opposants politiques, comme Dachau. Ces appareils diffusaient de la musique nazie et des retransmissions de discours d’Hitler pour «rééduquer les détenus». Il en était de même dans les goulags soviétiques : les prisonniers subissaient en permanence un bourrage de crane par «des haut-parleurs au sommet de chaque poteau et à l’intérieur de chaque baraque. Ils ne doivent jamais se taire», décrivait l’ouvrage «L’Archipel du goulag». Aujourd’hui, les rues de Pyongyang en Corée du Nord restent rythmées par la propagande du Chef suprême. Et nos médias osent encore qualifier Israël de «seule démocratie au Proche-Orient»…

Autre méthode de guerre communicationnelle : le déploiement d’une flotte de camions publicitaires dans les rues de New York : ils comportent des affiches avec le slogan «Remember October 7» (Souvenez-vous du 7 octobre), accompagné d’un QR code qui renvoie vers un site montrant les images des crimes commis le 7 octobre 2023.

On se souvient que les communicants israéliens avaient organisé des projections de films montés par leurs services sur le 7 octobre à de nombreux médias, parlementaires et autres responsables politiques dans tous les pays occidentaux, afin d’orienter l’opinion. Lorsqu’ils ont arrêté les navires des précédentes «Flottilles pour Gaza», les équipages avaient été forcés de regarder ces images en prison. Israël utilise avec une indécence absolue les victimes, dans une exhibition obscène et systématique. Mais cela ne prend plus, tout le monde a vu des milliers d’images d’enfants palestiniens broyés par les bombes et tués sous les balles israéliennes. Même cette indigne concurrence victimaire ne marche pas.

Ces opérations de propagande montrent qu’Israël a perdu la bataille de l’opinion, mais s’acharne avec ses énormes moyens à imposer son narratif, auquel plus personne n’adhère en-dehors de quelques médias aux ordres. Lors de son séjour aux États-Unis, Netanyahou se rendra ensuite à Washington pour rencontrer Trump. On peut craindre des annonces abominables prochainement.

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