Des mandats d’arrêt internationaux contre Netanyahou et son ex-ministre de la défense


Enfin. Après des mois d’attente, la Cour Pénale Internationale, qui siège à La Haye, a finalement décidé ce jeudi 21 novembre d’émettre des mandats d’arrêts contre Netanyahou, le Premier Ministre israélien, et Yoav Gallant, son ex-ministre de la Défense.


Netanyahou et Gallant sont tous deux visés par un mandat d'arrêt international de la CPI.

En mai dernier, le procureur Karim Khan avait demandé aux juges de valider ces mandats d’arrêt avec ces arguments : «Sur la base des éléments de preuve recueillis et examinés par mon bureau, j’ai des motifs raisonnables de croire [que Netanyahou et Gallant] portent la responsabilité pénale de crimes de guerre et crimes contre humanité». Il expliquait que ces crimes concernent «le fait d’affamer délibérément des civils», des «homicides intentionnels» et des faits d’«extermination et/ou meurtres».

Concrètement, la validation de ces mandats d’arrêt implique que les pays, y compris la France, qui poursuivent la livraison d’armes à Israël sont considérés comme complices de ces crimes.x

Et que si Netanyahou et Gallant mettent un pied en France, les autorités sont, en principe, tenues de les arrêter. Ces mandats confirment également que les opérations en cours à Gaza relèvent bien d’une logique d’extermination, donc d’un génocide. Netanyahou s’est empressé de qualifier la décision de la Cour Pénale Internationale «d’antisémite», démontrant une fois de plus que cette accusation a été totalement vidée de son sens par les sionistes. Le dirigeants israélien a même osé comparer la procédure à une « nouvelle affaire Dreyfus », du nom de cet officier juif français accusé à tort à la fin du 19ème siècle, par antisémitisme.

Il aura fallu 6 mois aux juges de la Cour pour rendre leur décision. Entre temps, il y a eu des dizaines de milliers de morts supplémentaires à Gaza ainsi qu’une attaque du Liban. Pourquoi avoir autant traîné ?

Parce que les dirigeants israéliens et leurs services, appuyés par les USA, ont tout fait pour saboter la procédure. Dès le mois de mai, le procureur Karim Khan était accusé d’antisémitisme. Sur les chaînes occidentales liées à Israël, par exemple Cnews en France, une campagne diffamatoire a été orchestrée contre le magistrat. Les ennemis de Karim Khan sont allés fouiller dans son passé, et ont ressorti une tribune qu’il avait signée, remontant à 2021, qui était conclue par «Inch Allah». Ramener un juriste de si haut niveau à sa religion est un procédé typiquement raciste et complotiste.

Cet avocat britannique, spécialiste du droit international, était pourtant le candidat «préféré» d’Israël pour son élection au poste de procureur de la CPI en 2022.

Des enquêtes menées par les journalistes du média israélien +972 ont révélé que les services israéliens avaient mené des opérations de surveillance et de piratage sur les correspondances de Karim Khan, pour entraver la procédure qu’il menait.

Le Shin Bet, la direction du renseignement militaire, et la division de cyber-renseignement auraient ainsi tenté de déstabiliser la Cour Pénale Internationale. De même, un message intercepté a révélé que Karim Khan subissait «d’énormes pressions de la part des États-Unis» afin qu’il abandonne toutes poursuites contre des responsables israéliens.

Aux USA, les autorités se sont inquiétés de la procédure : le sénateur républicain Lindsey Graham avait par exemple déclaré : «S’ils le font à Israël, nous sommes les prochains». Car la première puissance mondiale n’est pas en reste en matière de guerres impérialistes et de crimes contre l’humanité. Le gouvernement Étasunien a même envisagé d’imposer des sanctions à la CPI et ses fonctionnaires.

Avant Karim Khan, une autre magistrate, Fatou Bensouda, qui était procureure adjointe de la Cour Pénale Internationale de 2004 à 2012, avait été surveillée par le Mossad, qui avait obtenu des transcriptions d’enregistrements secrets de son mari dans le but de les utiliser pour la discréditer, alors qu’elle enquêtait sur les crimes de l’État colonial.

Israël ne se contente pas de mener un génocide à Gaza et de multiplier les atrocités au Proche-Orient, c’est aussi un État mafieux qui n’hésite pas à menacer la justice internationale avec les moyens les plus pervers. Mais la stratégie d’intimidation n’a pas fonctionné : les mandats d’arrêt sont désormais émis.


Reste à savoir si les États occidentaux, qui ont tant instrumentalisé le droit international pour justifier des guerres sales contre les pays désignés comme appartenant à «l’axe du mal», appliqueront la décision de la Cour Pénale Internationale contre le pouvoir israélien.


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2 réflexions au sujet de « Des mandats d’arrêt internationaux contre Netanyahou et son ex-ministre de la défense »

  1. C’est bien connu: la justice, on est d’accord tant que ça va dans notre sens. Sinon, elle est forcément aux ordres/antisémite/raciste/gauchiste (rayer la mention inutile). Tiens, ça rappelle l’attitude d’une certaine Marine dans un très récent procès.

  2. Un cadre législatif XXL pour les criminels de bourgeois et un cadre législatif réduit à peau de chagrin pour l’ensemble de leurs victimes.De par la situation effroyable contre le peuple Palestinien, Netanyahou est un tyran sanguinaire qui illustre tout à fait cette image.

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