
Des treillis et des armes lourdes dans les rues des grandes villes : même dans un pays aussi militarisé que les USA, les images qui circulent ces derniers temps sont effrayantes. Donald Trump a déployé la Garde Nationale dans plusieurs métropoles des USA : Los Angeles, Washington et bientôt Chicago et Portland. Officiellement, il s’agit de «lutter contre l’insécurité», en réalité il habitue la population à ce que le maintien de l’ordre soit géré par des militaires. En parallèle, les milices de l’ICE – les brigades de lutte anti-immigration de la police – bénéficient de budgets illimités et patrouillent cagoulées dans les rues, semant la terreur au sein des minorités immigrées.
Mais cette ambiance crépusculaire s’est encore assombrie le 30 septembre. Trump a organisé un événement spectaculaire qui aurait dû inquiéter le monde entier, et qui est passé relativement inaperçu en France. À Quantico, en Virginie, ce 30 septembre, le président des USA a réuni 800 hauts gradés de son armée pour les recadrer, et a prononcé un discours hallucinant.
Le président y a promis de défendre les USA contre «une invasion» menée par un «ennemi intérieur», c’est-à-dire les immigré·es, la presse et les opposant·es. Selon lui, le pays serait donc déjà en guerre civile, une guerre qu’il faudrait mener sur son sol contre les forces progressistes, et notamment les «antifas» qui viennent d’être officiellement classés comme des groupes terroristes. Il a aussi menacé les militaires : s’ils ne soutiennent pas son gouvernement, ils doivent se taire ou partir : «Si vous n’aimez pas ce que je dis, vous pouvez quitter la pièce. Évidemment, vous pourrez dire adieu à votre rang, vous pourrez dire adieu à votre avenir, mais sentez-vous bien et détendus, d’accord ?» Le dirigeant a aussi proposé d’utiliser les villes «dangereuses» comme des «terrains d’entraînement» pour l’armée, illustrant ainsi sans le savoir que la répression et la guerre font partie d’un même répertoire de violence étatique.
Le ministre de la Défense, désormais «ministre de la Guerre», a poursuivi sur un ton tout aussi violent. Pete Hegseth est un vétéran de la Garde nationale du Minnesota, un animateur de la chaîne d’extrême droite Fox News et il porte des tatouages chrétiens inspirés de symboles des croisades. Il adhère à une mouvance religieuse sectaire qui prône l’application de la loi chrétienne biblique à la société et une préparation au retour de Jésus. Il avait déclaré à propos de l’armée des USA : «Nous ne sommes pas seulement une force défensive, nous sommes une force offensive» et «nous voulons des guerriers, des gens qui savent comment tuer l’ennemi».
Le 30 septembre, il a appelé à détruire les «déchets idéologiques» au sein de l’armée, laissés selon lui par l’administration Biden, en particulier la lutte contre le réchauffement climatique, le harcèlement ou encore la promotion fondée sur la race ou le genre. Il s’en est aussi pris aux soldats et aux «généraux obèses», et a annoncé de nouvelles normes corporelles plus strictes.
De leur côté, l’ancien conseiller de Trump Steve Bannon a déclaré «Nous sommes en guerre dans ce pays», et Stephen Miller, l’un des plus proches conseiller du président, appelle à «une stratégie organisée pour éradiquer la gauche radicale».
Enfin, la procureure générale Pam Bondi suggère que le ministère de la Justice puisse éliminer les citoyens américains considérés comme antifascistes : «Tout comme nous l’avons fait avec les cartels, nous allons adopter la même approche avec Antifa». Elle appelle aussi à «détruire l’organisation entière du sommet à la base». Quant à Trump, il parle des manifestations «No Kings» qui mobilisent des milliers de personnes contre lui, comme étant des «opérations rémunérées» dirigées par un «réseau terroriste de gauche».
Criminalisation de l’antifascisme, paranoïa d’État, uniformes et armes dans les rues pour traquer les étranger·es et les opposant·es politiques, purge idéologique et culte de la personnalité : ce ne sont pas les années 1930, mais l’année 2025 dans la première puissance mondiale.
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