Argentine : après l’échec de la politique du libéral-fasciste Milei, Trump menace le peuple argentin


L’Argentine de Milei était présentée il y a encore quelques semaines comme un exemple de politique néolibérale réussie, un pays qui serait parvenu à «réduire sa dette» en appliquant des coupes brutales dans les dépenses publiques. Aujourd’hui, le pays est en banqueroute. Et c’est une colonie des USA, désormais totalement dépendante de l’aide financière de Donald Trump. Le président des USA se permet même de faire du chantage électoral à la population de l’Argentine, pour montrer que c’est lui le patron.


Trump et Milei posant côte à côte, tout sourire.

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La relation entre le président argentin d’extrême droite et celui des USA a toujours semblé au beau fixe. Mais l’idylle entre les deux dirigeants semble quelque peu troublée. Javier Milei pensait revenir de son dernier voyage à Washington avec des nouvelles rassurantes, avant les élections de mi-mandat qui auront lieu le 26 novembre. Mais à la surprise générale, cela ne s’est pas passé exactement comme il l’entendait. Trump a très clairement conditionné son aide financière à une victoire électorale de Milei : «S’il ne gagne pas, nous partons». En d’autres termes : votez Milei ou on coupe les vivres. Cela a eu des conséquences immédiates puisque la bourse argentine a chuté de 7% dans les heures qui ont suivi.

Les deux présidents se retrouvaient pour parler d’un échange de devises – un «swap», un mécanisme qui permet à l’Argentine, en pleine crise monétaire, d’obtenir des liquidités en monnaie étrangère sans avoir à recourir à un prêt – de 20 milliards de dollars. Il s’agit là d’une aide exceptionnelle des USA.

Le président argentin a déjà bénéficié de l’aide du FMI à hauteur de 20 milliards, à condition d’accélérer le processus de destruction des services publics à la tronçonneuse. Le ministère des finances étasunien avait également donné un coup de pouce à l’Argentine en achetant du peso – la monnaie argentine – pour stabiliser son taux de change, mais cela n’a pas été suffisant.

Le retour de Milei aux USA pour quémander une nouvelle aide démontre l’échec de sa politique ultra-libérale. Il vient d’ailleurs de perdre les élections locales de la province de Buenos Aires, en plus d’être au cœur de scandales de corruption, d’être contesté dans la rue et de subir une forte baisse de popularité.

Milei : l’échec d’une politique libertarienne

Tout semblait pourtant bien parti pour le champion des médias bourgeois, érigé en nouveau modèle de l’extrême-droite française, notamment par Marion Maréchal Le Pen. Le «miracle argentin», comme les médias français aiment à l’appeler, était en marche : l’inflation annuelle était passée de 211% en 2023 à 117% en 2024. Même la pauvreté aurait baissé, passant de 53% à 37% de la population, ce qui reste énorme, mais une diminution tout de même. Il faut préciser que ce chiffre est à nuancer, car la pauvreté est mesurée en fonction de l’inflation en Argentine. D’ailleurs, la consommation diminue – ce qui indique que les ménages ont moins d’argent pour faire leurs achats de base.

Quand bien même : pour arriver à ce résultat, Milei a dû appliquer une politique drastique d’austérité, notamment en réduisant les dépenses publiques de 20%, en supprimant des ministères entiers et en virant 35.000 fonctionnaires. Il a également utilisé massivement les réserves de la Banque centrale pour stabiliser son taux de change. Surtout, il a «dollarisé» l’économie argentine, permettant à une monnaie étrangère forte, le dollar, d’être utilisée sur son territoire comme monnaie d’échange. Mais cela n’a pas été suffisant puisque la valeur du peso ne cesse de dégringoler par rapport au billet vert. De plus, les réserves de la Banque Centrale ne sont pas infinies.

Sous perfusion de dollars, et avec une mise sous tutelle des USA, Milei a un temps réussi à faire illusion, en redressant quelques indices économiques. Pour autant, le pays reste en profonde difficulté, avec un risque de retour d’une inflation incontrôlable. Pire encore, cela crée un cercle vicieux puisqu’en cas de crise, la population privilégie l’utilisation du dollar, ce qui a pour effet d’accentuer encore plus l’inflation. De plus les conséquences de la destruction des services publics ne se sont pas encore toutes faites ressentir, et risquent de creuser les inégalités. Les lendemains s’annoncent difficiles pour le peuple argentin.

Les conséquences de cette politique ultra-libérale se font déjà ressentir durement dans la population. Le taux de chômage reste très élevé et on assiste à l’augmentation du phénomène du pluri-emploi car c’est désormais 12% de la population qui combine plusieurs emplois contre 10% en 2019 à la fin du mandat de Macri, dont les politiques étaient déjà catastrophiques. D’autre part, la différence de niveau de vie entre les personnes ayant un emploi payé en dollar et ceux en peso ne cessent de croître, et le travail non-déclaré progresse également.

Malgré la propagande des médias mainstream, il est donc évident que l’Argentine nous donne un avant-goût terrifiant de ce qui nous attend si l’extrême-droite ultra-libérale, se réclamant de la même politique que Milei, venait à prendre le pouvoir en France. Entre augmentation de la précarité, gestion autoritaire et ingérence des USA, l’avenir semble sombre pour le peuple argentin.

L’impérialisme étasunien en Amérique du sud

L’objectif des États-Unis est clair : faire des pays d’Amérique du sud des colonies qu’ils peuvent contrôler. C’est ce que fait Trump lorsqu’il menace directement les Argentins de leur couper les vivres, mais il ne s’arrête pas là. Marco Rubio, secrétaire d’État et conseiller à la sécurité nationale, s’est félicité de la soumission de nombreux pays. «Il y a tellement de pays qui viennent vers nous […] huit ou neuf, dix pays, l’Argentine en tête, qui se sont alignés sur les États-Unis sur un sujet après l’autre lors d’événements internationaux». Et malheur à ceux qui résisteraient.

Le président Trump indiquait le 19 octobre avoir autorisé des opérations de la CIA sur le territoire vénézuélien. Nicolas Maduro est présenté comme un narcotrafiquant à la tête d’un cartel de drogue, et des attaques ont eu lieu contre des navires vénézuéliens. Il accusait également Gustavo Petro, le président colombien, d’être un «baron de la drogue qui encourage fortement la production massive de stupéfiants». Venant d’un État impérial, mafieux et militaire comme les USA, c’est le monde à l’envers.

Au Venezuela, 27 personnes sont mortes depuis le début du mois de septembre dans la guerre de basse intensité que mène Donald Trump. Les USA veulent dominer, par le dollar ou la violence armée, tout le sous-continent.

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