Chronique du racisme patronal ordinaire


Ces dernières semaines, à Bordeaux et à Gennevilliers, la libération de la parole raciste chez les patrons et les petits chefs fait froid dans le dos.


À Bordeaux et à Gennevilliers, la libération de la parole raciste chez les patrons et les petits chefs fait froid dans le dos.

Dans les caves de Bordeaux

«Les noirs méritent d’être à la cave». On pourrait penser que ces propos glaçants sont tirés d’un livre d’histoire sur les colonies et les ports négriers français, ou d’une citation d’un texte de recherche pour souligner le racisme d’un armateur bordelais du 18ème siècle qui aurait construit sa fortune sur le commerce d’esclaves. Mais non… Ce sont malheureusement les déclarations abjectes et racistes du propriétaire d’une brasserie bordelaise en 2025 envers un employé sénégalais.

Les faits se sont déroulés à partir de 14h30 le 6 octobre dernier, dans une brasserie qui se situe cours du Chapeau-Rouge, dans le centre-ville. Daniel Marion est un multi-propriétaire de restaurants en France. Ce chef d’entreprise millionnaire possède le Café de l’Olympia à Paris ou Le Majestic à Saint-Jean-de-Luz, mais aussi le Régent à Bordeaux, avec un associé. C’est dans ce dernier établissement qu’il va débarquer, manifestement ivre, après un repas d’affaires en plein milieu du service.

Un salarié témoigne auprès d’un journaliste de Sud Ouest : «Il a commencé à dire qu’il allait nous virer, qu’on s’était laissé envahir». Quelques secondes plus tard, il continue ses salves racistes auprès d’un autre employé. Le proprio des murs lui demande ce qu’il pense des noirs et des Arabes. Le serveur lui répond naturellement que ça ne lui pose aucun problème. Nouveaux propos injurieux : «Les noirs et les Arabes, c’est de la merde». Il dira ensuite à un autre qui passait le balais qu’il faisait du «travail d’arabes». Quand il lui répond qu’il est Albanais, l’infâme racelard rétorque : «Ce n’est pas grave, tu es un étranger quand même»…

Le patron va déverser sa haine pendant plusieurs heures devant ses employés en toute impunité. Entre deux allers-retours entre la terrasse et le restaurant, il continue ses propos injurieux et humiliants, le tout pendant 5 heures au total selon les différents témoins présents dans la brasserie. Un calvaire pour ses salariés.

Selon la presse, au moins 17 salariés ont décidé de porter plainte contre leur patron. 4 d’entre-eux sont en arrêt de travail depuis l’incident. Le patron Daniel Marion nie en bloc, malgré les témoignages accablants. Comme tout bon fasciste, c’est un menteur et un lâche.

La répression syndicale a une couleur de peau à Gennevilliers

Geodis est l’un des leaders mondiaux du transport, de la logistique et de la messagerie. Au sein du port de Gennevilliers, nœud logistique important de la région des Hauts-de-Seine, Mohammed, syndicaliste, a subi de multiples injures racistes de la part de la direction au sein de l’entreprise.

Sur place une section combattive de la CGT fait face à la répression patronale et à une discrimination décomplexée. Une pression qui s’est intensifiée depuis une grève victorieuse. Début 2025, une bataille âpre de 3 longues semaines avait arraché une augmentation de 150 euros de salaire pour tous les travailleurs. Ce qui a laissé les dirigeants de Geodis chafouins, avides de vengeance…

Depuis, la direction a enclenché un cycle de représailles contre les travailleurs du groupe. Plusieurs salariés ont été victimes de licenciements, d’autres font face au racisme quotidien de petits chefs protégés par la direction de la plateforme. Ici, c’est une responsable des relations clients de la boîte qui a insulté le syndicaliste de la CGT au courant du mois d’octobre : «Encore un Mohammed, encore un Arabe», «C’est toujours les mêmes, toujours des problèmes avec eux» ou «J’en peux plus des Arabes».

Encore une fois, le caractère injurieux de ces paroles est incontestable et les propos sont inacceptables. Pourtant il n’y aura aucune conséquence, malgré une demande d’enquête du CSE – le Comité Social et Économique, représentant les personnels. Les patrons couvrent leurs employés racistes tandis qu’ils répriment dans le même temps leurs collègues qui luttent pour leurs droits. Le 13 novembre, un rassemblement de soutien à Mohammed était organisé par différentes sections syndicales devant le siège de l’entreprise.


Dans une atmosphère étouffante, et un climat politique et médiatique saturé par les discours d’extrême-droite, la banalisation des actes et des paroles racistes est insupportable. Ils s’additionnent et s’imbriquent avec la violence du capital. Face à une bourgeoisie ensauvagée, qui est déjà mûre pour le fascisme, une riposte conjuguant l’antiracisme, l’antifascisme et l’anticapitalisme est vitale.

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