Un régime autoritaire est déjà en place en France, et la jeunesse le subit dans sa chair au quotidien.

Quand des enfants de maternelle sont menacés par des policiers armés pour avoir fait du bruit, quand des lycéens célébrant une tradition de Noël sont attaqués sans sommation par des agents en civil ou quand l’État organise des «formations pédagogiques» avec des lycéens qui finissent en sang, on peut parler d’une gestion néofasciste de la jeunesse. Quelques exemples révoltants ces derniers jours.
Dijon : des policiers municipaux menacent des enfants
Le 18 novembre, dans une école de Dijon. Des enfants de CE1 reçoivent une séance «d’éducation à la sécurité routière». Ce sont des policiers municipaux qui interviennent en classe. Premier étonnement : les policiers débarquent avec leurs armes à feu et leurs matraques. Donner des pistolets mortels à des policiers municipaux recalés aux tests, déjà très faibles, de la Police nationale est déjà scandaleux, mais les laisser parader auprès d’enfants de 7 ans est une aberration.
Face aux enfants, l’un des agents se vante : «C’est un vrai pistolet, un Glock semi-automatique, chargé et prêt à l’emploi». «Des propos non adaptés face à ce jeune public et totalement déconnectés de la thématique de la sécurité routière» estime un syndicat enseignant. Mais les sous-flics ne s’arrêtent pas là : l’un d’eux mime l’utilisation de sa matraque télescopique et intimide les élèves, en comparant «les enfants pas sages» aux délinquants dans les rues de Dijon. Il ajoute : «Ceux qui ne respectent pas les règles à l’école sont les mêmes qui ne respectent pas les règles à l’extérieur». Il faut se rendre compte de l’infinie bassesse morale d’un adulte qui prend plaisir à effrayer des enfants parce qu’il porte des armes.
Le syndicat qui donne l’alerte explique que l’enseignante, gênée, a dû écourter l’intervention et a évoqué un malaise dans la classe : «Les remarques et questions des élèves ont porté exclusivement sur les armes des agents. Ils ont exprimé de l’inquiétude». Au rythme où vont les choses, remplaçons directement les écoles par des salles de garde à vue.
Eure-et-Loire : des policiers appelés pour du bavardage à la cantine
Cette affaire, la même semaine, est encore plus affolante. Elle a eu lieu le 20 novembre, à Nogent-le-Roi, dans l’Eure-et-Loir. Dans cette paisible commune, des élèves de maternelle se trouvent à la cantine lorsque la police municipale débarque. Les agents ont été appelés «pour rappeler à l’ordre les enfants qui faisaient trop de bruit». Le symptôme d’une société complètement dégénérée par Cnews et les discours sécuritaires, qui ne tolère plus les bavardages d’enfants.
«Au bon vieux temps», comme disent les boomers réac’, il n’y avait pas de police municipale armée, et il était tout simplement impensable d’envoyer des flics dans des cantines parce que ça fait du bruit. Les enfants et leur énergie n’ont désormais plus le droit d’exister.
Un père d’élève dénonce : «Je trouve la méthode brutale. On va directement à l’extrême, on emmène la police sur un lieu d’éducation où il y a des enfants en bas âge parce qu’ils ont 7 ans». Un des petits explique : «Ils ont des armes donc j’ai eu peur et tout». Le bureau des parents d’élèves rapporte que «certains enfants sont rentrés perturbés chez eux, car ils auraient ressenti des menaces de policiers». Plutôt que de s’excuser, le maire de la commune, manifestement abruti, raconte dans la presse locale que «cette intervention a été préparée et il n’y a eu ni menace ni traumatisme quelconque. Je ne vois pas où est le mal». C’était donc prémédité, et c’est encore pire.
Des élèves jouent avec des sapins dans les beaux quartiers, la BAC les cogne
La jeunesse dorée parisienne a reçu une grosse dose de réel le 20 novembre. Les élèves de classes préparatoires de Louis-le-Grand et Henri-VI, deux établissements élitistes dans le centre de la capitale, jouent comme chaque année à la «guerre des sapins». Une vieille tradition, totalement bon enfant, qui consiste à prendre des sapins dans les rues et à les amener Place du Panthéon.
Comme la spontanéité est désormais interdite dans cette société sans vie, ce petit rituel annuel est encadré depuis quelques années par la mairie d’arrondissement, qui met des sapins directement à la disposition des jeunes, pour qu’ils n’aient pas à en chercher ailleurs. Bref, tout est fait pour que cette petite fête soit la plus inoffensive possible.
Mais à 20h15, la BAC débarque, gaze et frappe au hasard les jeunes présents. Les images diffusées par les élèves montrent des types en civil, agissant comme une milice, sortir des voiture et asperger en pleine tête les jeunes présents. Ces élèves sont pourtant blancs pour la plupart, issus de bonnes familles, scolarisés dans de prestigieux lycées. Mais c’est le mode opératoire standard de la France contemporaine : tabasser les jeunes dès qu’ils s’amusent dans la rue.
Les étudiants, choqués, se sont réfugiés dans les bars alentours. Quatre ont fini aux urgences. Ils disent n’avoir «jamais vu ça», et que c’est la première fois que la «guerre des sapins» est ainsi attaquée. La préfecture parle de «trouble à l’ordre public», alors que c’est elle qui a semé les seuls troubles. Plus rien n’est autorisé sous Macron. Un lycéen a été mis en garde à vue car un flic a osé porter plainte pour «violences», en dépit des preuves vidéos. Là aussi, c’est la procédure standard, réservée aux quartiers populaires il y a encore 10 ans, et désormais généralisée à tout ce qui respire encore un peu.
Formation tabassage dans un lycée pro
Mediapart révélait le 11 novembre qu’à Fontenay-sous-Bois, dans le Val de Marne, des jeunes d’un lycée professionnel se sont vus proposer un «rallye citoyen», euphémisme pour parler de journée de publicité pour les professions militaires et policières. Ces élèves de Troisième, Seconde et CAP ont pu entre autres joyeusetés apprendre à tirer au laser avec des fusils d’assaut, ou se mettre «dans la peau» de détenus auprès de surveillants pénitentiaires.
Cet atelier proposait aux jeunes adolescents de jouer le rôle de prisonniers se battant contre des surveillants de prison. «Alors qu’un élève tapait sur le bouclier, les deux équipiers se sont regardés et, par surprise, l’ont plaqué au sol, l’ont menotté face contre terre puis l’ont plaqué au mur comme pour une fouille au corps». Un autre élève fait le prisonnier, il est sommé de sortir de sa cellule par les surveillants. Quand il refuse, il se voit asséner un violent coup de bouclier «qui l’envoie à 2 mètres». Bilan : deux jeunes ont fini en sang.
On pourrait décliner les exemples à l’infini. Un concert gratuit au Halles de Paris le 11 octobre, interdit au dernier moment par la Préfecture puis chargé et gazé, créant des mouvements de panique. Des barbecues dans les quartiers attaqués par la police. Les Free Party systématiquement réprimées. Non seulement la jeunesse est écrasée dès qu’elle se révolte, mais elle ne peut plus ni faire la fête, ni profiter les moments de sociabilité normaux de sa génération, sans recevoir une botte sur le visage. Et cela commence maintenant dès l’école maternelle !
Mais à trop vouloir étouffer l’énergie vitale des plus jeunes, il arrive que le couvercle de la cocotte minute finisse par sauter.
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