Les tristes pitres qui nous gouvernent ont réussi l’exploit de faire passer l’infâme « loi travail » avec le 49.3 le jour de la commémoration de l’abolition de l’esclavage. Le niveau de discrédit de l’équipe de Valls a atteint un niveau inédit dans l’histoire. Ce gouvernement ne se maintient plus, à grand peine, qu’à coups de flash-ball et de procédures d’exception. Et s’il ne finissait pas son mandat ?
Quoiqu’il en soit, un appel à manifestation sauvage est lancé en fin d’après-midi. Après un premier rassemblement syndical qui regroupe 200 personnes, ce sont plus de 1500 manifestants qui partent de la Place du Bouffay à 20H. Quelques syndicalistes bien remontés restent dans la manif. L’affluence et la détermination des manifestants surprennent tout le monde. Totalement prise de vitesse, la police n’a pas eu le temps de mettre en place ses canons à eaux, ses hélicoptères et ses centaines de casqués. La rue est (presque) libre.
Ambiance bouillante dans les rues commerçantes. Les slogans, hurlés à pleins poumons, résonnent comme jamais, et on peut certifier qu’à Nantes, « tout le monde déteste Manuel Valls ». Certains se font poètes et rencontrent un franc succès : « le 49.3, on n’en veut pas. Nous c’qu’on veut, c’est niquer l’État !».
Il est clair que les habitants et les commerçants n’ont pas cédé au terrorisme médiatique en cours qui ne parle que de « guerrilla » et de « sauvagerie », car ils sont très nombreux à applaudir le cortège, voire à s’y joindre.
C’est désormais une tradition rue de Strasbourg, la grande baie vitrée de la mairie tombe sous les acclamations. Puis c’est l’hôtel de luxe Radisson Blu, installé dans l’ancien Palais de Justice de Nantes sur la place Aristide Briand qui est brièvement envahi. « Courtois, on n’oublie pas !». Quelques fumigènes sont lancés dans l’hôtel en guise de pourboire, alors que la manif repart. L’accès à la rue Crébillon, celle des boutiques de luxe est toujours sévèrement gardée par la police. Nouveau passage rue de Strasbourg ou une ligne de policiers bloque le cortège avant de recevoir une grêle de bouteilles. Gazage massif. Repli festif. Quelques vitrines de banques rescapées des dernières semaines sont étoilées avec compassion, avant que le cortège ne fasse une halte à la préfecture après avoir emprunté le Cours Saint-Pierre et détruit quelques caméras de surveillance. La nuit est tombée.
Des sacs poubelles sont jetés dans les jardins du Conseil Départemental et de la préfecture. Les CRS de garde sont confondus avec des containers à verre. Tri sélectif. Une poubelle est allumée devant l’entrée de la préfecture. La police canarde la foule depuis les jardins du préfet. Tirs tendus en rafale. La BAC commence à devenir agaçante, tout le monde retourne sur la Place du Bouffay, où un film est projeté sur une façade, après avoir tiré quelques fusées.
Il est 22H30, et le retour au calme est de courte durée. Vexée, la police rapplique en nombre et gaze la place. Il reste une centaine de déter’ décidés à continuer. Des barricades sont fortifiées tout autour de Bouffay. C’est la guerre chimique, saturation lacrymogène. Les terrasses doivent être rangées, le gaz s’insinue dans les immeubles et dans les bars. Un kebab reçoit même des palets de lacrymogènes dans sa salle. Soutien aux commerçants !
Des feux sont allumés. Les affrontements ne finiront que bien après minuit.
Des milliers en manif spontanée quelques heures seulement après l’annonce du 49.3, un paquet de déterminé-e-s : il semblerait bien que les braises du mouvement soient encore loin d’être éteintes. Et les provocation répétées du gouvernement risquent de réveiller même les plus endormis. Toutes et tous dans la rue le 12 mai à Nantes, le 14 à Rennes, et les 17 et 19 mai partout !