17 octobre 1961. Guerre d’Algérie. État d’urgence. Couvre feu décrété pour les nord-africains de Paris. Une manifestation est organisée contre le couvre-feu et la colonisation. Des dizaines de milliers d’algériens convergent dans les rues de la capitale, vêtus en habits du dimanche. Le préfet de Paris est le célèbre collaborationniste Maurice Papon. Sa consigne aux policiers : «pour un coup donné, nous en porterons dix». En plein cœur de la capitale, la police attaque les cortèges, ouvre le feu, passe à tabac, et jette des dizaines de manifestants dans la Seine. Des milliers d’autres sont raflés, frappés, parqués dans des stades et des commissariats, et expulsés.
C’est le plus grand massacre de civils par la police à Paris depuis la Commune de Paris. Un évènement largement occulté des mémoires.
Octobre 2016. État d’urgence. La gauche est au pouvoir. À Calais,10.000 exilés vivent entassés dans un bidonville et sont gazés quotidiennement par la police. Le gouvernement s’apprête à détruire la «jungle» et à en expulser ses habitants. La campagne présidentielle s’ouvre sur un air ultra-sécuritaire et ouvertement raciste. À côté de Nantes, un futur centre d’accueil pour les réfugiés reçoit des tirs d’arme à feu. Même scénario en Isère. À Arès, en Gironde, c’est un incendie criminel qui vise un projet de centre d’accueil. Dans l’indifférence générale.