Regard croisé sur l’état d’urgence : une centaine de personnes au Centre Culturel Kurde


Un retour sur la soirée d’hier au centre culturel Kurde de Nantes. À ce soir pour la suite de la semaine de résistances.


Le centre culturel Kurde de Saint-Herblain, qui accueillait la troisième soirée de la semaine de résistances, était plein mercredi soir. Nous avons évoqué la lutte du peuple kurde et l’état d’urgence mis en place par Erdogan en Turquie, entre autres sujets.

Un échange dense a permis d’aborder à la fois les récents massacres commis par l’armée turque dans plusieurs villages Kurdes, le racisme d’État en Iran et en Turquie contre les minorités, le rôle central des femmes kurdes qui s’organisent en non-mixité pour déployer une langue et des méthodes qui leurs sont propres, y compris dans la guérilla. Les intervenants kurdes ont dressé un bilan du mouvement de la Place Taksim en 2013, qui s’est soldé par une défaite, faute d’implication du monde ouvrier. Ils ont évoqué la lutte armée qui se conjugue avec le jeu de la vie politique traditionnelle (avec le parti multiconfessionnel et progressiste HDP qui prend part aux élections, alors que le PKK mène des actions d’autodéfense), mais aussi le rôle central de l’armée dans l’histoire Turque, et de la récente mainmise d’Erdogan sur les militaires.

Une intervenantes expliquait la teneur de l’état d’urgence mis en place depuis juillet dernier : « en Turquie, tous les gens présents à cette soirée seraient considérés comme terroristes juste parce qu’ils m’écoutent », avant d’expliquer que l’état d’exception était une façon, pour le pouvoir, de se protéger au niveau diplomatique, puisqu’il permet de déroger aux conventions internationales sur les droits de l’homme. La France a fait de même en novembre 2015. L’état d’urgence en Turquie est donc d’avantage une disposition vouée à la politique extérieure, puisqu’à l’intérieur, la répression était déjà très élevée auparavant et continue de l’être.

Enfin, un référendum est organisé par Erdogan, pour faire valider le passage à un régime semi-présidentiel. Mais le « non » a des chances de l’emporter, ce qui rebattrait les cartes du jeu politique. Affaire à suivre.

On ressort de cette soirée avec la conviction qu’il faut renforcer en France les solidarités avec l’expérience politique menée par les kurdes au Rojava, et témoigner nos solidarités avec les résistances à l’Etat autoritaire Turc.

Rendez-vous ce soir pour une discussion autour de l’histoire de la police. Elle aura lieu au bar l’Annexe, 36 rue Léon Jamin, dans le centre de Nantes, à partir de 19H. Venez nombreuses et nombreux !

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