Nantes : soir de victoire


Il n’y aura jamais d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ! Et le meilleur des scénarios se profile, puisque le gouvernement ne compte pas lancer d’assaut policier dans l’immédiat sur la zone.


Dans les heures qui suivent la nouvelle, des sentiments se mêlent. La joie, la surprise, l’hébétude, l’attente. Un certain vertige aussi, avec l’épilogue d’une si longue lutte. Les visages gris, dépités, de ceux qui soutenaient l’aéroport, se succèdent sur les plateaux télé. C’est bon signe. Le journal Ouest-France écrira à propos d’Alain Mustière, patron nantais qui milite depuis des années pour l’expulsion de la ZAD : «en dix minutes, l’homme semble avoir pris dix ans». Les derniers râles d’un PS décomposé sont poussés par la maire de Nantes, qui trépigne devant la presse. Elle a perdu.

À l’épicentre du mouvement, la joie explose sur la ZAD où les occupant-es sabrent le champagne et affichent une banderole «Et toc» en haut du mirador de la Rolandière. La fête, les chants et la musique continueront jusque tard dans la nuit.

À Nantes, un rendez-vous est donné devant la préfecture à 18h30. Autre ambiance. Les rues sont bondées des centaines de CRS qui avaient été annoncés partout dans les médias. Ils ont été déployés dans la ville, en prévision d’une expulsion. C’est donc cerné de forces de l’ordre qu’un millier de personnes se rassemble pour fêter la première lutte victorieuse depuis le retrait du CPE… en 2006 ! De premiers feux d’artifice crépitent, puis d’autres qui semblent provenir de l’autre côté de la préfecture. Une tour de contrôle portant le logo de Vinci et un avion sont enflammés sous les applaudissements. Le rassemblement part déambuler dans les rues, alors qu’un hélicoptère survole la ville. Les slogans : «On a gagné contre les avions, on continue, contre les expulsions», «François de Rugy, tu finiras comme Vinci», «on est content !», «Macron, dégage, résistance et sabotage», «on n’entend plus chanter Jean-Marc Ayrault»… Suivis de l’inévitable «on a gagné !»

Les CRS aussi semblent très déçus de l’annonce, et le font savoir en essayant de frapper à plusieurs reprise les premiers rangs des manifestant-es et en venant gâcher la liesse au contact du défilé, interdisant notamment le quartier Bouffay. Pourtant, cette soirée n’est pas l’explosion de joie massive tant attendue. Plutôt un pied de nez insolent en guise de victoire, les manifestant-es désorganisent à plusieurs reprises l’énorme dispositif répressif. La dispersion a lieu alors que le défilé est de retour à son point de départ. 50 ans après mai 1968, c’est l’occasion de l’affirmer plus que jamais : la lutte paie. Et la rue est à celles et ceux qui résistent.

Rendez-vous samedi 10 février dans le bocage, pour une fête autrement plus copieuse, et pour construire l’avenir de la Zone d’Autonomie Définitive.

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