7 avril : construction de la convergence

3000 personnes dans les rues de Nantes. Il y avait du monde, pour cette première tentative de date unitaire, lancée depuis l’université de Nantes en lutte. Syndicalistes, étudiants, lycéens, chômeurs, précaires, retraités … Ensemble contre les offensives de Macron : attaque des cheminots, sélection à l’université, austérité généralisée. C’est une très grande hétérogénéité qui s’est retrouvée samedi 7 avril. Plusieurs milliers de personnes ont trouvé le courage d’affronter les averses glacées et le dispositifs policier toujours aussi délirant.

Nantes est placée en état de siège depuis des mois. La ville subit un traitement policier unique en France, destiné à étouffer toute contestation, à annihiler toute marge de manœuvre des protestataires. Avant même le début du rassemblement, une syndicaliste CGT est enlevée, ostensiblement, par des policiers cagoulés de la BAC, et tirée derrière les lignes de policiers en armures, provoquant une indignation généralisée. Le crime de cette syndicaliste ? Avoir photographié des policiers commettant des violences lors des précédentes mobilisations.

Après un procès symbolique de Macron, avec les prises de parole d’un jury composé d’une étudiante, un retraité et un révolté, l’effigie du président est pendue à un gibet. Le défilé s’élance. Mais comme lors des précédentes mobilisations nantaises, on ne peut pas vraiment parler de manifestation. La foule évolue dans une vaste prison mobile, constituée par des centaines de CRS qui enferment, au corps à corps, les participants, survolés par un hélicoptère. A plusieurs reprises, des coups et du gaz sont envoyés sans raison. Le dispositif sera débordé une seule fois, cours Saint Pierre. Le cortège chargé devant la rue de Strasbourg. Lorsque le défilé joue, malgré tout, les prolongations et entame un deuxième tour, la police inonde la rue de grenades lacrymogènes, et organise une vaste nasse devant la préfecture, séquestrant près de 200 manifestants pendant plus d’une heure. Les rares personnes s’opposant à cette provocation reçoivent des coups de gazeuse en plein visage. Une mère de famille est jetée au sol et blessée. Cette nouvelle démonstration, particulièrement minable, d’arbitraire policier empêchera l’Assemblée Générale inter-luttes prévue pour organiser la suite du mouvement. Ce n’est que partie remise.

Il faut avant tout retenir que la convergence des colères se construit à Nantes. Des mondes se rencontrent, s’organisent, luttent ensemble. Nous avons vu des personnels de l’éducation nationale braver la répression avec des étudiants et des retraités. Nous avons vu des travailleurs de secteurs d’ordinaire peu combatifs entamer des grèves ces derniers jours et se joindre au défilé. La police ne pourra pas éternellement nous voler la rue. Seule la réunion des luttes en cours et une série de dates rapprochées dans le temps sont susceptibles de faire reculer le gouvernement. Cette première tentative est un succès numérique incontestable. Que toutes les villes fassent de même !

Prochaine manifestation unitaire : samedi 14 avril, jour de grève des cheminots.

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