Des cris dans un amphithéâtre. Des coups, sourds, sur les tables, les portes, et les corps. Des blessés. Du sang. Un violent assaut dans une université. La scène rappelle furieusement l’attaque commise à Montpellier il y a un mois par des nervis fascistes, qui avait provoqué une indignation nationale. Mais ici, ceux qui frappent les étudiants en lutte sont des CRS. Des agents de l’État.
À la ZAD comme dans les rues de Nantes, Rennes, Montpellier, Lille et ailleurs, la violence policière se déchaîne pour faire taire le mouvement de contestation. Macron, c’est le gouvernement par la grenade et la matraque. Dans les universités, les expulsions policières étaient impensables il y a encore un an, elles sont devenues monnaie courante. La dernière en date : Tolbiac. Paris 1, une université en lutte, au cœur des attentions médiatiques.
L’évacuation par plusieurs centaines de CRS a eu lieu ce vendredi 20 avril, à l’aube. Profitant de l’effet de surprise, l’opération est rapide, implacable. Une fois la fac vidée, ces charognards de journalistes s’empressent immédiatement de dérouler le discours du pouvoir, en parlant de «dégradations» et des «frais» des dégâts, sans préciser que la grande majorité des dommages ne sont pas dus à quelques tags, mais ont été causés par les CRS, qui ont défoncé les portes à coups de béliers.
Depuis le début de l’après-midi, un bruit inquiétant ne cesse de circuler : un étudiant aurait été très gravement blessé lors de l’expulsion de l’université de Tolbiac. Le pire se confirme ce soir, Reporterre sort un article qui revient sur l’expulsion. Des étudiants témoignent :
«Il y avait 300 CRS. Ceux à l’extérieur portaient des fusils d’assaut. Ceux à l’intérieur, des tronçonneuses, des matraques et des gazeuses. Ils ont tout défoncé, et maintenant, ils nous font porter le chapeau pour les violences qu’ils ont commises. […] Quand on a entendu la police débarquer, on n’a pas eu le temps de faire grand-chose. On a cherché à fuir avec cinq autres gars, mais on s’est retrouvé coincés dans le sas des ascenseurs, derrière une porte blindée. […] On les a très clairement entendus tout détruire, y compris les portes, lorsqu’ils montaient nous chercher.» «Une personne blessée à la cheville avait fait un malaise. Je l’avais aussitôt placée en PLS [Position Latérale de Sécurité] et avec plusieurs camarades, on la protégeait de nos corps. Lorsque les flics sont arrivés avec leurs boucliers, je leur ai crié : “N’avancez pas ! On a un blessé !” Ils ont continué à avancer. Ils m’ont bousculé, m’ont fait tomber sur le blessé, l’ont piétiné. Je leur demandais d’arrêter, ils continuaient. Certains souriaient, j’en ai même vu filmer la scène. C’était le summum de la barbarie.»
Un étudiant serait entre la vie et la mort ce vendredi soir :
«On s’échappait par les toits, à l’arrière du bâtiment, pour descendre dans une petite rue à côté. Les gars de la BAC [Brigade anti-criminalité] étaient à nos trousses. Un camarade a voulu enjamber le parapet pour se laisser glisser le long du mur. Un baqueux lui a chopé la cheville. Ça l’a déséquilibré, et le camarade est tombé du haut du toit, en plein sur le nez. On a voulu le réanimer. Il ne bougeait pas. Du sang sortait de ses oreilles…»
Source : https://reporterre.net/Un-etudiant-a-ete-tres-gravement-blesse-lors-de-l-evacuation-tres-violente-de
Plus d’info ici : https://paris-luttes.info/expulsion-de-tolbiac-ce-matin-9973
Mise à jour : Après enquête, il apparaît qu’aucun étudiant n’ait été gravement blessé lors de cette expulsion, les témoins s’étant rétractés. Cela n’enlève rien à la brutalité par laquelle la police a évacué les lieux, mettant en péril la santé des occupant-es de Tolbiac.
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