26 mai à Nantes : foule et colère contre Macron et son monde

Samedi 26 mai. Il fait très chaud à Nantes, c’est bientôt l’été. Depuis des mois, Macron frappe sur tous les fronts, dans une véritable épopée Thatchérienne, répondant à chaque mobilisation par une violence implacable et une arrogance sans nom. Et, alors que la grève des cheminots est l’une des plus longues connues à la SNCF, et qu’un mouvement étudiant massif et déterminé agite les universités depuis le mois de février, le gouvernement ne semble pas vaciller : pour l’instant les colères ne se sont pas rencontrées de manière effective pour paralyser le pays, pour mettre en échec le gouvernement.

Cette journée est donc l’occasion de voir défiler ensemble les forces vives des luttes en cours. Une expérience déjà tentée avec succès à Nantes au début du mois d’avril, lorsque le mouvement montait en puissance. Mais qui n’avait pas été reprise dans les autres villes.

Au miroir d’eau, des milliers de personnes s’élancent autour de 15H, après avoir pic-niqué et discuté. En tête, un grand cortège tonique et coloré, composé essentiellement par la jeunesse étudiante et lycéenne.

Des drapeaux rouges et noirs à l’avant rappellent la journée du 24 mai 1968, paroxysme de la révolte de Mai. On y retrouve les ambiance de fête et de révolte qui ont peut-être manqué ces dernières semaines. La musique, la peinture et les slogans sont au rendez-vous. Beaucoup de personnes sont gantées en rouge, et lèvent les bras en soutien à Maxime, dont la main droite a été volée par une grenade explosive de la gendarmerie.

De nombreux slogans au mégaphone comme sur les murs s’en prennent à la violence d’État. À la préfecture, un point de tension se fige devant le canon à eau. Vu la chaleur, les manifestants ne sont pas gênés par le rafraîchissement, alors que les CRS, qui tirent des grenades lacrymogènes, sont pris sous une pluie de projectiles les plus variés : peinture, fumigènes, papier toilette, branches… Ambiance plutôt ludique et participative.

La suite du défilé sur le cours des 50 Otages est sur le même ton : tags et escarmouches avec les policiers qui s’approchent trop du cortège. Des jeunes facétieux allument des barricades, qui seront éteintes par des citoyens vigilants de l’arrière de la manifestation. Place du Cirque, les directions syndicales tentent désespérément de reprendre la main en bloquant toute la manifestation. Certains chefs hurlent sur les jeunes. Ils sont dépassés, impuissants, par des centaines de personnes très variées, de tous les âges et de toutes les organisations. Sans haine ni violence mais avec un certain dédain.

Le défilé continue jusqu’au miroir d’eau, où il avait démarré. Un cri : «toutes et tous au CHU !» pour aller manifester devant l’hôpital où se trouve Maxime, pour lui crier le soutien des nantaises et des nantais. Mais la police a décidé de faire barrage à cette solidarité qui s’imposait pourtant comme une évidence : une immense ligne de gendarmes gaze et charge au corps à corps celles et ceux qui tentent de passer.

Pire, un groupuscule de fascistes avinés de «Touche pas à mon centre-ville», situé juste derrière les gendarmes, s’amuse à jeter des cailloux et des bouteilles en verre sur les manifestants ! Les gendarmes gazent à nouveau quand on leur demande des explications. Les fascistes ont toujours été des auxiliaires de police, c’est désormais assumé au grand jour.

Dans le même temps, les communicants de la police tweetent en temps réel, fièrement : «dispersion du cortège au niveau du miroir d’eau à Nantes. Barrage pour empêcher des manifestants hostiles de se rendre au @CHUnantes en soutien au blessé de la ZAD». Comble de la lâcheté et de l’obscénité numérique. Et au même moment, Nantes Métropole organise une «performance» subventionnée par plusieurs dizaines de milliers d’euros sur Mai 68, sur la Place Royale. Alors que l’odeur des gaz envahit les rues. L’époque est décidément orwellienne.

Après une série de charges bien véner’ à grand coups de gaz et de matraques, les plus déterminé-e-s dansent sur les pelouses autour d’une sono. Trois interpellations sont à déplorer.

Cette journée aura mis 8000 personnes dans la rue, dont plusieurs centaines dans le cortège de tête. Pas encore de quoi faire trembler Macron, mais assez pour reprendre de la force et de l’enthousiasme dans une période difficile. La lutte continue !

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