Université de Nantes : laboratoire de la répression


Un enseignant mis à pied
Le président de l’université à l’avant-garde des intimidations
Un nouveau pallier franchi.


Depuis des mois, la répression frappe dur contre celles et ceux qui se mobilisent contre la casse de l’université. Non seulement de nombreux étudiants et étudiantes ont été dénoncés, mis en garde à vue et parfois poursuivis sur demande expresse du président de la fac – Olivier Laboux – , mais en plus, cette répression s’étend maintenant aux enseignants !

Les professeurs ne sont plus épargnés ! Deux enseignants qui soutenaient la mobilisation contre la Loi O.R.E sont visés par des dénonciations calomnieuses. Ils sont accusés “d’agression” alors qu’ils s’étaient justement interposés pour calmer le jeu et protéger le personnel de la fac, qui venait de commettre un acte illégal, en confisquant les cartes étudiantes, suscitant les huées de quelques étudiants ! Des vidéos et de nombreux témoignages en attestent : ces accusations sont fausses, seule l’administration s’est rendue coupable d’illégalités ce jour là.

Ces deux enseignants sont donc poursuivis. En plus, l’un d’entre eux est mis à pied en dehors de tout cadre juridique, par les autorités de l’université ! Il est privé de tout contact avec ses bureaux et sa fac jusqu’en octobre ! Une première depuis plus de 30 ans à l’université française. L’objectif est clairement de casser toute résistance chez les personnels. Même à Montpellier, où le doyen de la fac de droit est coupable d’avoir fait entrer un groupe armé et cagoulé pour frapper des étudiants, les autorités n’ont pas pris une telle mesure !

Les techniques managériales violentes vont s’installer très rapidement dans les facs si un front commun et déterminé ne répond pas à ces attaques. Une première étape : signer la pétition en soutien à ces enseignants. Et faire savoir que le président de l’université de Nantes est à l’avant garde des pires stratégies de vengeances et d’intimidation contre les opposants.


La pétition de soutien :

“Soutien aux deux enseignants-chercheurs nantais mobilisés contre la réforme ORE qui viennent d’être sanctionnés
Depuis de nombreuses semaines l’opposition à la loi ORE d’une partie des étudiants et du personnel de nombre d’universités en France a produit des tensions et des conflits plus ou moins exacerbés. Un pas supplémentaire vient d’être franchi à l’université de Nantes où deux enseignants-chercheurs mobilisés contre la réforme viennent d’être sanctionnés, l’un étant suspendu de toutes activités professionnelles jusqu’au 1er octobre 2018.
Les faits : Le vendredi 18 mai 2018 devaient se tenir des examens qui n’avaient pas été annulés ou reportés en « distanciel » par la présidence de l’université de Nantes. Lors d’un de ces examens, les cartes d’étudiants ont été retenues et il a été annoncé que l’identité de celle et ceux qui auraient décidé de boycotter l’examen serait relevée. Deux enseignants-chercheurs mobilisés ont été prévenus de la situation et se sont rendus sur place pour constater les faits et tenter d’apaiser la colère étudiante qui montait. A leur arrivée, les étudiants appelaient massivement au boycott dans la salle et chantaient des slogans. L’épreuve a été annulée. Les étudiants se sont ensuite regroupés à la sortie afin d’exprimer leur opposition et réclamer des explications. Les personnels organisant l’examen ont refusé de répondre aux questions et se sont rendus devant le « Pôle étudiant », entourés d’une foule bruyante d’étudiants très mécontents. Les deux collègues ont très vite pris la mesure du stress et de l’exposition des personnels administratifs à un danger potentiel, d’autant qu’une vingtaine d’agents de la Compagnie départementale d’intervention (CDI) venait d’arriver sur les lieux, matricules dissimulés, équipés de boucliers et de matraques… Ils se sont interposés entre les étudiants et le personnel administratif afin de calmer les esprits et les ardeurs étudiantes, d’obtenir le départ de la CDI et d’éviter que la situation ne dérape. Ce qu’ils ont réussi à obtenir au prix de nombreux efforts dans la confusion générale des mouvements de foule et face à des administratifs en état de choc, non préparés à vivre une telle situation. Quelques jours plus tard, la présidence de l’université de Nantes 1) déclarait à la presse dans la même interview que les faits reprochés aux collègues n’étaient pas établis et en même temps accusait les deux enseignants-chercheurs d’avoir agressé le personnel administratif, 2) décidait de convoquer les deux enseignants-chercheurs devant la section disciplinaire et de mettre à pied l’un d’entre eux suite aux événements survenus le vendredi 18 mai au Pôle Étudiant.

Sans préjuger des résultats de l’enquête qui visera à établir les faits reprochés à nos deux collègues très atteints par cette décision et en grande souffrance, il convient de souligner trois choses :
1- Nous savons concrètement que dans les universités les personnels (BIATSS comme EC) qui sont favorables ou défavorables à la loi ORE font tous les efforts possibles sur le terrain pour pacifier le conflit et trouver des solutions alternatives pour la tenue des examens, des jurys et pour assurer la continuité du service public d’enseignement et de recherche. De ce point de vue, il est regrettable qu’un échange de points de vue et un débat contradictoire entre personnels de la même communauté n’aient pas été envisagés par la présidence de l’université de Nantes.
2- L’université est un lieu de débat où s’expérimente la libre pensée, la contradiction, l’échange des idées et où se développe l’esprit critique. On ne règle pas un désaccord et un conflit par l’exclusion et les sanctions disciplinaires.
3-Ce qui vient de se passer à l’université de Nantes n’est pas seulement une affaire locale, mais il a aussi une portée nationale. Il témoigne de l’application à marche forcée de la loi ORE dans les universités, au mépris d’une large partie de la communauté universitaire et du recours aux intimidations de différentes sortes, parfois aux interventions policières violentes vis-à-vis des étudiants mobilisés.

Qu’un enseignant chercheur reconnu, directeur de publication d’une revue, président d’une Société savante, puisse être suspendu de toute activités professionnelles jusqu’au 1er octobre 2018 pour s’être opposé notoirement et activement à la loi ORE manifeste qu’un degré supplémentaire vient d’être franchi dans la répression et l’intimidation des personnels mobilisés. Ce qui vient de se passer à Nantes pourrait très bien se réaliser sur d’autres campus si nous n’y prenons garde.

Lorsque l’on est menacé, on a tendance à se protéger et à se fermer, voire à se radicaliser ; mais on peut aussi répondre par l’ouverture, la solidarité et le dialogue. Le contexte des réformes et des transformations des institutions d’enseignement supérieur et de recherche que l’on connaît depuis des années ne nous y incite pas. Et pourtant, nous pensons que c’est la meilleure solution, fidèle en cela à l’esprit qui souffle dans les institutions d’enseignement et de recherche. Pour toutes ces raisons, nous affirmons notre solidarité et notre soutien à nos deux collègues nantais et nous demandons à la présidence de l’université de Nantes de rétablir le dialogue et d’apporter une réponse juste et mesurée aux accusations portées à l’’encontre de ces collègues, en attendant les résultats de l’enquête et l’établissement des faits.”


Un étudiant de Caen nous apprend que des pratiques similaires d’intimidations et de sanctions disciplinaires sont mises en œuvre à l’université normande, contre le personnels et les étudiants. Le management violent appliqué aux universités, c’est maintenant.

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