Nantes : des caméras spéciales installées par les CRS

Nantes est en état de siège policier depuis des mois. Un hélicoptère de la gendarmerie survole chaque manifestation. Il n’est pas rare de croiser des cortèges encadrés par des dispositifs de forces de l’ordre plus nombreuses que les manifestants eux mêmes. Chaque jeune nantais connaît dans son entourage au moins une personne arrêtée par la police ces derniers mois, quand il n’a pas été lui même touché par la répression. De nouvelles armes policières sont employées à Nantes et ses alentours. Les blessés se comptent par centaines.

Mais tout cela ne suffit visiblement pas. L’État français met des moyens exceptionnels pour écraser les résistances à Nantes. Ces derniers jours, des lecteurs nous ont signalé des dispositifs de caméras grossièrement ficelées à des poteaux dans le centre-ville. Les installations comportent, en plus des caméras, de gros boîtiers, attachés et sanglés à la va-vite, et des antennes multidirectionnelles. Cette année, la mairie socialiste a décidé d’installer 96 caméras de surveillance supplémentaires dans la ville. Mais ces nouvelles installations, massives, avec des antennes, n’ont pas été faites par la municipalité. Alors, à qui devons nous cette innovation sécuritaire ?

Il s’agit de caméras directement installées par les CRS, dans une optique de maintien de l’ordre. Des caméras spécialement réservées pour les manifestations. Le dispositif se nomme S.A.R.I.S.E : «Système Autonome de Retransmission d’Images pour la Sécurisation d’événements».

Initialement réservé à l’antiterrorisme – il a été déployé dans le cadre de l’état d’urgence, pour la première fois, pour la sécurité des 24 Heures du Mans ou à la Grande Braderie de Lille – S.A.R.I.S.E est implanté à Nantes sur tout le long du parcours classique des manifestations depuis des mois. Ce sont des caméras très haute définition, à 360°, qui permettent de retransmettre en temps réel chaque faits et gestes des manifestants. Tout ça en plus des images de l’hélicoptère ! Un CRS était repéré au mois d’avril avec des baudriers d’escalade pour installer ces caméras en hauteur. Certains ont été mise en place au sommet d’immeubles, notamment Cours des 50 Otages. Précisons que le dispositif S.A.R.I.S.E a toujours été mis en place pour des évènements ponctuels, très courts. C’est la première fois à notre connaissance qu’il est installé sur un temps aussi long, plusieurs mois, pour surveiller une ville entière.

Aujourd’hui, dans les rues de Nantes, nous pouvons donc voir, sur certains poteaux, une caméra dôme de la mairie et une caméra mobile de la préfecture. Orwell était en-dessous de la réalité.

Le site du ministère de l’intérieur précise concernant ce dispositif, que «des techniciens CRS spécialement formés assurent la mise en place, la gestion et la maintenance de ces moyens vidéos». Mais le dispositif demeure opaque. À quoi servent ces boîtiers et ces antennes qui complètent les caméras à 360° ? S’agit-il de capter des données de téléphonie ? De collecter des informations numériques sur les manifestants ? De géolocaliser les portables pour inculper les potentiels contestataires ? Si le coût des expulsions à Notre-Dame-des-Landes a été évalué à plus de 5 millions d’euros, qu’en est-il de la répression démesurée et sans fin à Nantes ?

Ces questions restent ouvertes. Une chose est sûre : en période d’austérité généralisée, la répression dispose de moyens véritablement illimités. Et Nantes est clairement un laboratoire de cette répression.


D’autres images du dispositif S.A.R.I.S.E à Nantes :


Sources :

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