Toujours plus loin dans la répression, le gouvernement sort à nouveau le carnet de chèque pour acheter des grenades. En consultant le Bulletin Officiel des Annonces des Marchés Publics, on peut savoir ce que le ministère de l’Intérieur achète comme armes, puisqu’il est obligé légalement de publier un appel d’offre en direction des entreprises qui fabriquent les outils de répression.
Une annonce publié mardi 28 août dévoile une nouvelle commande de grenades de désencerclement. Oui, encore une. Le gouvernement veut en acheter pour 1.720.000 euros, soit 40.000 sur une durée de 4 années. 10.000 par an. La possibilité de tirer 27 grenades par jour, y compris férié.
Les grenades de désencerclement, aussi appelées DMP – «Dispositif Manuel de Protection» –, contiennent une substance explosive, qui provoque une forte détonation, en projetant à pleine vitesse et dans toutes les directions 18 galets de caoutchouc dur, ainsi que le bouchon allumeur de la grenade qui contient du caoutchouc et du métal. Le tout dans un rayon de 10 mètres. Elle est considérée comme une arme à feu, et est fabriquée dans l’usine ALSETEX de Précigné, dans la Sarthe.
Cette arme, utilisée essentiellement en terrain urbain, est extrêmement dangereuse dans la mesure où les projectiles partent dans tous les sens et peuvent frapper indistinctement dans une foule, à n’importe quel endroit du corps. En 2007, Maud, une étudiante perdait un œil après avoir été touchée par un éclat. En 2016, Laurent perdait lui aussi son œil. En 2013, c’est une mère de famille de 59 ans qui était éborgnée par l’explosion d’une de ces grenades à Villemomble en bas de chez elle. Un manifestant nantais a été très gravement blessé au nez et à la bouche au printemps 2018 par cette arme. Un photographe était tombé dans le coma et avait frôle la mort après avoir subi un enfoncement de la boite crânienne du à une grenade de désencerclement.
Bref, cette grenade fait autant de dégâts que les balles en caoutchouc ou les tristement célèbres grenades GLI F4 tirées sur la ZAD. Elles sont d’ailleurs utilisées de plus en plus massivement, et en dehors de tout cadre légal, dans les quartiers populaires et dans les manifestations. Les policiers les jettent à la main, au milieu d’une foule, et parfois même à hauteur de tête. C’est donc cette arme que le gouvernement entend diffuser encore d’avantage.
Pour rappel, le 22 mai dernier, le jour même où un jeune avait la main arrachée sur la ZAD, le ministère validait une commande de grenades lacrymogènes pour 17,5 millions d’euros ! Début 2016, une autre commande de 115.000 balles en caoutchouc par an pour les LBD 40 était passée. Soit 315 tirs quotidiens potentiels.
En parallèle, le nombre de tirs à balles réelles par la police explose, comme en témoignent la mort d’un automobiliste à Paris récemment, et la mort d’Aboubakar à Nantes le 3 juillet, tué par le tir d’un CRS.
Nous sommes décidément à l’ère d’une généralisation de la violence d’État, et d’une militarisation décomplexée de la police.
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