De Strasbourg à Nantes, protégeons nos villes
Samedi 29 septembre, à Strasbourg. 15 militants sont arrêtés et mis en garde à vue. Ils sont accusés d’avoir attaqué un local néo-nazi ouvert quelques mois plus tôt dans la capitale Alsacienne. Les médias dramatisent les faits, en parlant de « personnes cagoulées » qui s’en seraient prise à un lieu « associatif », en « pleine après-midi ». En réalité, cette action militante répondait à une longue succession d’agressions d’extrême droite particulièrement graves, depuis l’ouverture de ce local.
Le 9 décembre 2017, les néo-nazis réunis au sein d’un groupuscule baptisé « Bastion Social », inaugurent leur « bar identitaire » à Strasbourg. Le soir même, des membres du groupuscule commettent des agressions racistes devant leur propre local. Quelques mois plus tôt déjà à Strasbourg, le soir de l’élection présidentielle, l’extrême droite avait attaqué une manifestation contre Macron, en tirant des explosifs sur les participants. Agression très grave, passée sous silence et impunie, comme le seront les innombrables attaques contre les luttes sociales commises par les groupes néo-fascistes depuis près d’un an.
En mars 2018, à nouveau, des membres du « Bastion social » attaquent des étudiants mobilisés sur le campus de Strasbourg. Une vingtaine d’hommes armés tabassent 6 étudiants et étudiantes, à quelques centaines de mètres seulement de leur local. Inutile de faire un dessin, le « Bastion Social » à Strasbourg sert de base logistique à l’extrême droite pour tabasser et terroriser. Depuis des mois.
L’événement de samedi est donc une réponse aux agressions répétées de l’extrême droite. Il s’apparente à la légitime défense. Un réflexe sain. Il s’agit de faire fermer un lieu qui sert explicitement de camp de regroupement et d’entrainement pour les agresseurs d’extrême droite. Du reste, on peut s’interroger sur la rapidité et la sévérité de l’intervention policière contre les antifascistes, alors que le local néo-nazi n’a jamais été inquiété.
Le cas de Strasbourg n’est pas isolé. Dans toute la France, les néo-nazis tentent de s’implanter sur le territoire, en ouvrant des locaux. Cette stratégie de conquête territoriale s’accompagne systématiquement de racisme, de violence, voire de tentatives d’homicide. Quelques exemples.
A Clermont-Ferrand il y a quelques jours, le 19 septembre, 4 passants sont sauvagement frappés devant le local du « Bastion Social », fraîchement inauguré dans la ville. L’un d’entre eux, particulièrement touché, subit une double fracture tibia péroné. Ici encore, l’ouverture du local favorise et encourage le passage à l’acte. La mise en pratique décomplexée des idées de l’extrême droite.
Même scénario à Marseille. Le 27 avril dernier. Des colleurs d’affiche du « Bastion Social » tabassent des passants, dont l’un est antillais. Manque de chance pour l’extrême droite, une des victimes est gendarme, ce qui vaut aux néo-nazis des ennuis judiciaires. Mais combien d’autres agressions racistes commises par le même groupuscule nous sont inconnues ?
A Lyon, la situation est encore plus tendue. L’extrême droite a mené à bien sa stratégie d’implantation territoriale depuis près de 10 ans, avec la bienveillance du maire, Gérard Collomb. Identitaires, royalistes, néo-nazis : de nombreux groupes d’extrême droite y ont ouvert des lieux, baptisés bars, salons de tatouage ou clubs de boxe pour faire respectable. Le résultat est glaçant. Des quartiers entiers sont contrôlés par l’extrême droite, et les agressions se comptent par dizaines. Par exemple, le 15 janvier 2011, un couple sortant d’un concert contre le racisme est sauvagement tabassé à coup de barres de fer et de battes de base-ball, et laissé pour mort. Une jeune femme manque de perdre la vie, et gardera des séquelles. Depuis, les violences sont fréquentes, et la terreur est omniprésente dans certains coins de la métropole.
La ville de Lille a également subi les assauts des néo-nazis, avec l’implantation d’un bar « réservé aux blancs », conjuguée à des attaques récurrentes et des actions racistes assumées au grand jour. Parmi les cas les plus grave, des noyades dans une rivière de la ville, la Deule, orchestrées par des militants d’extrême droite.
Et dans l’Ouest ? Même si la région est une terre durablement hostile à l’extrême droite, les réseaux néo-nazis tentent aussi de s’implanter sur le territoire. A Nantes, des mobilisations offensives et régulières ont permis de faire fermer les locaux du Front National. Pour l’instant, la bataille du territoire a été perdue par les racistes.
Mais le « Bastion Social » a décidé de s’installer dans la ville d’Angers, pour commencer sa conquête de l’ouest. Une implantation qui s’est, ici encore, accompagnée de violences. Notamment des agressions racistes dans des bars d’Angers, ou encore le passage à tabac d’une violence inouïe de deux adolescents à Nantes, en mai 2017. Une tentative d’assassinat caractérisée, qui a failli coûter la vie à un jeune de 18 ans. Les agresseurs étaient, eux aussi, proches du « Bastion Social ».
Alors que les luttes sociales subissent une répression sans précédent, l’extrême droite, encouragée par le pouvoir, s’implante sur le territoire. Ces bases logistiques favorisent le passage à l’acte des néo-nazis. Ces lieux sont des menaces directe, vitales, pour toutes les cibles de l’extrême droite : les fils et filles d’immigrés, les exilés, les militants. Il s’agit donc partout, de ne pas laisser aux néo-nazis les rues de nos villes. Les antifascistes arrêtés à Strasbourg ne font que protéger leur ville, ils doivent donc être soutenus. Et mieux : imités.
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