Pendant une semaine, l’ensemble de la classe politique et des médias ont tout fait pour créer la peur : discours anxiogènes, arrestations préventives, annonces de guerre civile, répression inouïe contre les lycéens. Tout a été mis en place pour dissuader les manifestations du samedi 8 décembre.
Pourtant, à Nantes comme dans toute la France, le slogan «Macron démission», repris par des dizaines de milliers de personnes, a été répété inlassablement dans les rues de nombreuses villes. Ni les arrestations massives, ni les mutilations, ni les pluies de grenades n’ont réussi à éteindre la révolte. Et si le «chaos» tant annoncé par le gouvernement n’a pas eu lieu, la répression militarisée que nous redoutions, elle, a bien été appliquée. 1700 interpellations en une seule journée. Au moins 3 personnes éborgnées. Une main arrachée à Bordeaux. Des milliers de grenades. Un bilan de guerre. Un guerre menée par le gouvernement contre son propre peuple.
À Nantes, une marée de gilets jaunes, rejoints par la Marche pour le climat, s’élançait à 14h de la croisée des trams. Sous les bourrasques et une pluie ininterrompue, il y avait foule : près de 8000 personnes. À l’avant, de nombreux jeunes : étudiants, lycéens, travailleurs précaires, donnaient du rythme alors qu’une foule hétérogène de milliers de gilets jaunes, rouges, verts, de tous âges, emplissait la rue. La Maison du Peuple, des gilets jaunes de Saint-Nazaire, était aussi présente et très déterminée. Mais au bout de quelques centaines de mètres seulement, la manifestation se retrouvait bloquée par les forces de l’ordre. Devant la préfecture.
Une vraie provocation. Des lignes de CRS devant, derrière et sur les côtés du cortège : une souricière. Il ne s’agissait ni de canaliser, ni même de réprimer cette manifestation, mais simplement de l’interdire. De l’asphyxier. De ne lui laisser aucun échappatoire. Un déluge de grenades s’abattait rapidement sur le cortège. Sur une foule très diverses, créative, et même familiale. Les premiers rangs, protégés par les boucliers, recevaient des balles en caoutchouc et des grenades en tirs tendus. Des munitions explosives, GLI F4, étaient aussi lancées sans sommation, provoquant notamment un cratère dans les pelouses en face de la préfecture.
La météo calamiteuse depuis des semaines a Nantes a montré ses bons côtés. Les averses rendent inopérante l’utilisation potentielle de canons à eau. Le vent dissipe rapidement les gaz pourtant massivement utilisés. Les bourrasques et les nuages bas ont aussi dissuadé l’hélicoptère de survoler Nantes : il n’est resté que quelques minutes avant de s’éclipser.
Après quelques affrontements, le cortège s’est retrouvé harcelé par les gaz tout le long du cours. Mais la répression n’a pas émoussé la détermination des manifestants. Par sa violence, la police a juste réussi à créer une situation incontrôlable : l’éclatement du cortège en plusieurs petits groupes partant dans toutes les directions. Une barricade enflammée à Commerce, puis chaussée de la Madeleine. Un cortège énervé dans les rues les plus huppées de Nantes, à Calvaire, Graslin et Crébillon, cassant plusieurs vitrines de luxe. Un groupe est entré dans la gare, d’habitude férocement gardée, allant jusque sur les voies de trains à la nuit tombante. Quelques centaines de personnes sont retournées devant la préfecture, alors que la police était partie ailleurs. Il se raconte qu’un cocktail molotov aurait été jeté sur la façade. Des grappes de gilets jaunes erraient du marché de Noël jusqu’au quai de la Fosse. Dans la nuit, les détonations de grenades résonnaient aux quatre coins de la ville. 13 personnes étaient interpellées. Nos reporters ont aussi constaté un nombre ahurissant de tirs de balles en caoutchouc. Sans aucun doute, plusieurs dizaines.
Ce qui est inédit n’est pas qu’une manifestation débordante ait eu lieu à Nantes, dont les rues sont plutôt habituées ces dernières années à la révolte et aux lacrymogènes. Ce qui est inédit, c’est que ces mêmes scènes aient eu lieu simultanément dans tout le pays, de Marseille à Toulouse, en passant par Bordeaux, Lille ou Saint-Étienne. Malgré l’État policier. Le gouvernement ne pourra pas gouverner indéfiniment à coups de Flash-Ball. Le peuple veut la chute du régime. Et ça n’est pas près de s’arrêter !
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