Racisme et violences d’État dans les quartiers
C’était il y a trois jours à Grenoble. Samedi 2 mars, au soir, deux jeunes vivant dans le quartier du Mistral, à Grenoble, trouvaient la mort lors d’une course poursuite avec la police. Adam et Fatih, 17 et 19 ans, étaient tués sur le coup. Les circonstances de la course poursuite restent encore floues, mais des témoins affirment qu’une voiture de la BAC aurait percuté les deux jeunes.
Ils fuyaient un contrôle de police. Une réaction compréhensible, quand on sait que souvent, ces contrôles finissent par des insultes, des humiliations, ou pire, des violences comme celles commises contre Théo à Aulnay sous-Bois en 2017, ou celles qui ont provoqué la mort d’Adama à Beaumont sur Oise en 2016, dans l’enceinte d’une caserne de gendarmerie. Les dizaines de milliers de personnes qui sont confrontées aux violences d’État lors des manifestations de Gilets Jaunes savent à présent qu’il est logique de fuir la police.
Depuis trois nuits, les habitants affrontent les forces de l’ordre. Une caserne de CRS a été prise pour cible. Des feux d’artifice et des incendies ont lieu tous les soirs dans le quartier où vivaient les défunts. Un jeune de 16 ans a été gravement blessé à l’œil par un tir de balle en caoutchouc. Les rues sont en état de siège policier.
Ces événements douloureux rappellent la révolte qui avait embrasé Nantes l’été dernier. Au début du mois de juillet, un CRS avait abattu Aboubakar, un jeune habitant du quartier du Breil, d’une balle de Sig Sauer dans le cou. En dehors de toute légitime défense. Nantes avait connu les émeutes les plus intenses depuis des décennies, avec plusieurs bâtiments incendiés, tout comme la voiture de la maire de Nantes. L’ensemble des quartiers de la ville étaient en état quasiment insurrectionnel. Des milliers de personnes avaient aussi manifesté au Breil pour réclamer justice et vérité pour le défunt. Sous la pression, le policier tireur avait commencé à reconnaître son crime, en avouant avoir appuyé sur la gâchette alors qu’il n’y avait pas de menace. Depuis, l’affaire traîne en longueur.
Alors que les violences policières sont sur le devant de la scène, avec la répression d’une ampleur inouïe exercée contre les Gilets Jaunes, la révolte de Grenoble doit rappeler à tous que la police fait régner la peur dans les banlieues depuis des décennies. La grande majorité des personnes tuées ou mutilées par les forces de l’ordre ne sont pas blanches, et habitent en banlieue. Aucun mouvement social, aucune révolution ne peut se faire sans écouter et soutenir le cri de colère des habitants des quartiers, qui se soulèvent contre le mépris, le racisme et la violence.