Au moins 12.000 manifestants. La jeunesse nantaise dans la rue. L’annonce d’un printemps chaud ?
Les abeilles disparaissent. Des continents de déchets plastiques se forment dans les océans, pendant que la banquise se désagrège beaucoup plus vite que ne le craignaient les prévisions les plus alarmantes. Dans les campagnes, les oiseaux meurent par millions. Les catastrophes industrielles et climatiques se succèdent à un rythme de plus en plus rapproché. Le désastre est déjà là. Notre génération s’apprête à connaître un effondrement majeur.
Face à la catastrophe écologique, de nombreuses initiatives émergent. Les ZAD, qui occupent des portions de territoire pour mettre en échec des projets destructeurs. Les actions qui ciblent les multinationales qui saccagent la planète. Ou encore, ces derniers mois, les nombreuses manifestations organisées dans les grandes villes du monde.
Vendredi 15 mars, c’est un appel international à descendre dans la rue, adressé à la jeunesse. L’invitation a été entendue, au delà des attentes.Des centaines de milliers de personnes ont manifesté dans le monde. À Nantes, la mobilisation aura rassemblé au moins 12.000 participants, avec une très large majorité de lycéens.
La journée démarre par des débrayages à Michelet, puis dans le centre-ville. Un gros blocus est organisé au lycée Livet, avec des slogans anticapitalistes, puis la manifestation rejoint Clemenceau. Il y a 1500 lycéens dans les rues le matin, alors que des cortèges convergent depuis plusieurs points de Nantes vers le centre, pour un pique-nique collectif.
L’après-midi, c’est une foule massive qui s’élance. Autour de 10.000 personnes au départ, et bien plus à l’arrivée. Le large cours des 50 Otages est entièrement rempli par une foule dense. La créativité est au rendez-vous, avec des banderoles, des pancartes innombrables, des déguisements, quelques tags… Les slogans sont largement repris et la manifestation est très dynamique.
Alors que la moyenne d’age se situe en-dessous de 18 ans, un service d’ordre, composé de trentenaires, encadre le défilé. Visiblement, l’après-midi a été négociée avec les autorités. Un premier tour a lieu sans croiser un seul policier.
Alors qu’un millier de personnes entame un second tour, le service d’ordre appelle les manifestants à s’arrêter, et la police anti-émeute débarque pour intimider les récalcitrants. Finalement, un défilé arpentera les rues, emmené par un bloc anticapitaliste. Sans heurts.
Cela fait longtemps que la jeunesse n’a pas manifesté aussi massivement dans les rues de Nantes. Il faut remonter à la Loi Travail, en 2016, pour retrouver un tel engouement. Il faut dire que cette fois, la répression qui asphyxie systématiquement les contestations lycéennes et étudiantes – on se souvient des violences policières féroces lors des blocus de décembre – était totalement absente. Et pour cause, la mobilisation était soutenue par les autorités. Notamment la maire de Nantes, Johanna Rolland. Celle qui défendait avec acharnement l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, celle qui a fait couper des dizaines d’arbre à Commerce. On a même vu ailleurs des élus du parti au pouvoir dans les défilés. Les mots d’ordres, assez consensuels sur la «défense du climat», sont repris sans honte par ceux qui matraquent sur les ZAD, soutiennent les multinationales et privatisent le vivant.
Cette mobilisation massive, dynamique, inventive, en appelle d’autres. Les nombreux mots d’ordre anti-capitalistes dans le cortège le confirment : il ne peut y avoir d’écologie sans détruire le règne du profit. On ne peut pas sauver la planète sans s’attaquer à ceux qui la détruisent. De la même manière, on ne peut réclamer la justice sociale sans défendre la nature.
Cela implique d’articuler les mots d’ordre. Gilets Jaunes, jeunesse engagée pour l’environnement, révoltés de tout bord : vers un printemps chaud !