Vol et séquestration en bande organisée

Il y a une semaine, une affaire défrayait la chronique nantaise : une quinzaine de personnes, réunies au bord de la Loire pour un atelier de peinture de banderole, étaient placées en garde à vue. Elles étaient relâchées sans poursuite après 24h d’enfermement et le vol de leur matériel, une fois la manifestation des Gilets Jaunes terminés. Les 15 arrêtés ont organisé un rassemblement hier samedi 20 avril, en présence de 200 soutiens, et diffusé un communiqué. Le voici :
«Nous sommes lycéens, étudiants, enseignants, sans emploi, salariés. Nous sommes 15 personnes, âgées de 17 à 52 ans.
Nous nous sommes retrouvés, vendredi 12 avril, à Nantes, pour peindre des banderoles. Il s’agissait d’un rendez-vous public. Il avait été annoncé lors d’une Assemblée Générale de Gilets Jaunes et sur les réseaux sociaux, pour préparer les manifestations du lendemain ainsi qu’un pique nique Gilets Jaunes.
À peine étions nous installés sur les bords de la Loire, avec nos pinceaux, notre peinture, nos draps et nos cartons, que nous avons été encerclés par des policiers de la BAC. Puis par des policiers anti-émeute. Eux même épaulés par la brigade cynophile. Et rejoints par la commissaire en personne. Une quarantaine de forces de l’ordre au total.
Nous avons subi un véritable guet-apens, organisé par la préfecture et le parquet de Nantes.
Après plus d’une heure d’enfermement à ciel ouvert, sous le regard interloqué des passants, nous avons été emmenés, et placés en garde à vue au commissariat central. Sur place, tous les officiers de police que nous avons rencontré nous ont affirmé qu’il s’agissait d’une mesure politique. D’une décision «venue d’en haut». Mais ils ont obéi aux ordres.
Nous avons été accusés de «groupement en vue de commettre des violences». Un délit prédictif, utilisé depuis peu contre les manifestants, qui permet d’arrêter n’importe qui avant même qu’il n’ait fait quoique ce soit. Grâce à ce motif hallucinant, les autorités nous ont fait subir 24h de garde à vue. Parfois à 8 dans une seule cellule. Enfermement, interrogatoires, prélèvements d’empreintes, absence de sommeil… Puis nous avons été relâchés sans poursuite. Pour l’instant.
Appelons ces événements par leur nom : une séquestration manifestement illégale, suivie d’un vol, puisque la totalité de notre matériel de peinture n’a pas été rendu.
À présent, nous faisons partie des près de 10.000 personnes placées en garde à vue depuis le début du mouvement des Gilets Jaunes, la plupart du temps sans aucun motif valable. Une fuite en avant répressive et autoritaire sans précédent. Une atteinte au principe de la liberté d’expression.
Nous ne comptons pas garder le silence après cet abus de pouvoir caractérisé, et appelons toutes les personnes harcelées et humiliées par l’État à réagir et à s’organiser collectivement.»
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