Nantes : agression fasciste, intox médiatique


Euphémismes, inventions et inversion des responsabilités


Dans la nuit de vendredi à samedi, à Nantes, une quinzaine de néo-nazis lourdement armés lançaient une attaque d’une violence hallucinante contre un bar du centre-ville. Coups de matraque en métal, engin incendiaire, gazage massif, slogans ouvertement nazis. Une agression totalement injustifiable. Pourtant, plusieurs médias réécrivent un récit totalement mensonger des faits. «Rixe», «expédition punitive», «bagarre» avec «l’ultra-gauche». Tout est absolument faux. Quelques rectifications :

  • Il ne s’agit pas d’une «bagarre», ni d’une «rixe». Il s’agit d’une attaque. L’idée d’une «bagarre» signifie qu’il y aurait eu un affrontement entre deux groupes qui auraient cherché la confrontation. Ici, c’est un groupe fasciste, dont certains membres viennent de loin, équipé, préparé et armé contre des gens qui boivent un verre en terrasse un soir d’été.
  • 20 Minutes écrit que le groupe armé aurait «semé la confusion». Le choix des mots est important. Ces néo-nazis ont agressé des clients attablé, et envoyé plusieurs personnes à l’hôpital. Ils n’ont pas «semé la confusion». Pourquoi ce journal minimise-t-il des faits aussi graves, alors que, depuis des années, il dramatise systématiquement les moindres petits dégâts matériels lors des manifestations ?
  • Le bar attaqué n’est absolument pas un bar «d’ultra-gauche». Ni même un bar spécialement fréquenté par des militants. C’est une pure invention, qui vise à rendre responsable les victimes de l’attaque. Le fait d’accueillir quelques discussions sur l’actualité ne signifie pas qu’un lieu est «d’ultra-gauche». Ou alors il faut qualifier «d’ultra-gauche» des dizaines de bars nantais, ou les établissements engagés dans le réseau de bars contre l’usage des Flash-Balls qui existe depuis des années à Nantes. Ou encore tous les bars qui organisent des soirées de discussion politique.
  • On lit que les «victimes» seraient «d’ultra-gauche». C’est faux. Selon nos informations, aucune des victimes n’est militante. Les personnes qui ont témoigné ont toutes expliqué avoir été surprises par l’attaque et ne pas se sentir particulièrement engagées politiquement. Et quand bien même. En quoi une engagement justifierait-il une attaque armée menée par des néo-nazis ?
  • Presse Océan titre sur une «vendetta», c’est à dire une «vengeance». Comme si cette attaque gratuite était en fait une riposte. C’est faux. C’est même la deuxième agression commise par cette bande de néo-nazis en une seule semaine. Presse Océan invente donc la première «vendetta» à sens unique. Le journal Le Monde va jusqu’à parler d’une «expédition punitive». Pour punir quoi ? En utilisant cette expression, les auteurs de l’article rendent carrément responsables les personnes agressées, comme si elles avaient provoqué leurs propres blessures.
  • Les agresseurs ne sont pas «proches de l’extrême droite». Ce sont des militants ouvertement néo-nazis, et ils ne s’en cachent même pas. Pourquoi utiliser un tel euphémisme ? Les médias ne prennent pas autant de pincettes pour coller une étiquette aux gens arrêtés en manif.

Vous l’aurez compris : depuis 3 jours, certains journalistes utilisent une série d’artifices rhétoriques pour minimiser la violence fasciste, et pour salir les victimes en inventant une adhésion supposée à «l’ultra-gauche». Si l’extrême droite prospère, c’est parce qu’elle a droit de cité sur toutes les antennes depuis des années. Si des fascistes passent à l’acte, c’est parce qu’ils se savent protégés.


En diabolisant systématiquement les luttes sociales et les populations étrangères, tout en édulcorant la violence de l’extrême droite, les médias portent une lourde responsabilité dans la montée du fascisme en France.


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