Scandale : la mairie offre un lieu de lutte sociale pour une soirée d’extrême droite
Vous avez entendu parler de Laurent Obertone ? Il s’agit d’un propagandiste célèbre au sein l’extrême droite radicale. Auteur d’ouvrages intitulés «La France Orange Mécanique», «Guérilla» et «Le temps des barbares», il propage dans ses textes ses obsessions racistes et sécuritaires. Et surtout l’annonce prochaine d’un conflit racial. Son thème de prédilection, fil rouge de ses livres : la guerre civile. Il promet une explosion militarisée en France, et l’envoi de l’armée dans les banlieues. Tout au long de ses écrits paranoïaques, il célèbre la répression armée, et la violence d’État la plus sanglante pour écraser les «ennemis de l’intérieur». Il s’en prend évidemment aux immigrés et aux mobilisations sociales.
Laurent Obertone est encensé par Marine Le Pen et l’extrême droite radicale et identitaire. Comme d’autres il propage les théories sur le «grand remplacement» et le «choc des civilisations». Pour lui, «certaines communautés» – comprenez «communautés africaines» – ne sont pas «adaptées au mode de vie occidental». Il le revendique : il milite pour une France «homogène». Pour lui, le programme du Front National relève du «gauchisme social, l’origine de beaucoup de nos maux». Il s’inscrit donc dans la frange la plus radicale de l’extrême droite raciste.
Plus inquiétant, Obertone est très proche de nombreux réseaux policiers. Il suffit de consulter sa page Facebook pour voir de nombreuses photos de ses ouvrages accompagnés d’insignes de police, de CRS, de gendarmes, de d’armes de poing, de fusils, de grenades. Un de ses ouvrages est introduit par un criminologue de droite dure. La police rêve avec Obertone de guerre civile, de putsch, de massacre de gauchistes et de banlieusards.
Mais ça n’est pas le plus inquiétant. Demain, cet auteur fasciste doit être invité (accrochez-vous) à la Maison des Syndicats ! Oui, un auteur raciste et répressif dans le lieu où sont sensés se réunir les mouvements sociaux, les organisations de travailleurs, les débats de gauche. C’est un symbole gravissime. Une humiliation pour les syndicats, qui ne sont même plus capables d’éloigner l’extrême droite de leurs propres espaces ! Que font les organisations syndicales ?
Contactés, des responsables CGT affirment qu’ils n’étaient «pas au courant». Ce qui est déjà une honte totale. Mais alors qui est responsable de cette soirée ? La Maison des Syndicats est gérée par la mairie de Nantes. La mairie socialiste. Ainsi, la municipalité « de gauche » aurait délibérément choisi d’offrir un espace syndical pour une soirée organisée par l’extrême droite radicale ? Ce serait une démonstration obscène de la collusion entre cette mairie infecte et un auteur fasciste. Les temps changent. Il y a quelques années encore, il était littéralement impensable que l’extrême droite tente de s’approcher des espaces d’organisation ouvrière. Il faut dire que cette époque, celle où les syndicats luttaient contre le pouvoir, la répression et les patrons, semble révolue.
Que se passe-t-il à Nantes ? Qui permet de telles abjections ? Qui offre en grande pompe un bâtiment syndical aux militants fascistes qui prônent la lutte armée ? Qui accueille l’extrême droite, alors que les réfugiés sont expulsés et les manifestations sociales réprimées sauvagement ?
Les nantais accepteront-ils indéfiniment ce tapis rouge offert par les autorités aux fascistes ? La réponse demain.