Avant la Maison des Syndicats, plusieurs salles municipales prêtées à l’extrême droite violente
Hier soir à Nantes. Dans la nuit, des militants néo-nazis, notamment plusieurs membres du GUD, montent la garde devant une salle municipale. Ils sont épaulés par des policiers cagoulés, et lourdement armés. Des témoins affirment qu’ils ont vu des agents serrer la main d’individus d’extrême droite. Que se passe-t-il ? L’auteur néo-fasciste Laurent Obertone, qui appelle à la guerre civile et prône une France «homogène» sur le plan ethnique, anime une soirée dans une salle prêtée par la mairie socialiste.
Initialement, cet événement de l’extrême droite radicale était programmé dans la Maison des Syndicats. Un événement fasciste dans un bâtiment abritant les organisations sociales et ouvrières. Une provocation incroyable. Il est désormais clair que les syndicats n’avaient absolument pas été prévenus. Ils ignoraient tout de ce scandale, qui avait été géré par la mairie dans leur dos. Autrefois, les syndicats nantais étaient basés dans une Bourse du Travail, un espace autonome d’organisation ouvrière, qui existait depuis une centaine d’année. Depuis leur déménagement dans une «Maison des Syndicats», moderne, sécurisée, appartenant à la mairie, ce sont les services municipaux qui gèrent les lieux, et y programment les événements. C’est donc à l’insu des organisations syndicales que Laurent Obertone a été invité à cet endroit.
Une fois informés, les syndicats CGT et Solidaires ont fortement protesté, et obtenu que l’auteur raciste ne viennent pas dans le bâtiment. Mais plutôt que d’annuler la soirée, la mairie a choisi d’offrir une autre salle à l’extrême droite. La salle de l’Égalité, à Chantenay. La soirée a donc eu lieu : des membres du GUD, connus pour leur violence, ont donc paradé en ville, puis autour de la salle, sous protection policière. Cela signifie que si l’information n’avait pas été découverte, le GUD aurait pu s’installer à la Maison des Syndicats, avec la permission de la mairie. Inimaginable.
Cette soirée n’est malheureusement pas isolée. Avant Laurent Obertone, il y a eu Alain Soral, le théoricien raciste Renaud Camus, le militant d’extrême droite radicale Le Gallou, ou encore des soirées du FN. À chaque fois, accueillis dans ses salles de la mairie. À chaque fois, ces soirées sont l’occasion pour l’extrême droite violente, mal implantée à Nantes, de se réunir, de parader, et même, souvent, de commettre des agressions. À chaque fois, lorsqu’on cherche les responsables, personne n’était «au courant» au sein de la mairie. Par contre, essayez d’organiser un événement anticapitaliste, ou contre la répression dans une de ces salles : c’est presque mission impossible.
Ces dernières années, l’extrême droite commet de nombreuses violences à Nantes. Notamment l’attaque armée d’un bar cet été, le début d’incendie d’un squat de réfugiés et la tentative d’homicide sur deux adolescents en mai 2017. Dans ce contexte, on peut se demander sérieusement à quoi joue la mairie de Nantes. Pourquoi une telle tolérance pour l’extrême droite ? Qui accorde ces salles aux fascistes ? Incompétence pure et simple, ou laisser faire ? Les autorités voient-elles d’un bon œil l’implantation de groupuscules qui attaquent les exilés et les mobilisations sociales dérangeantes pour les autorités ?
Ces questions restent ouvertes. Quoiqu’il en soit, la mairie socialiste porte une lourde responsabilité dans les agressions commises en marge des soirées d’extrême droite qui se tiennent des salles de la ville. Les élus doivent rendre des comptes.
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