Nous sommes au mois d’octobre 2014, à Sivens, dans le Tarn. Des écologistes se battent contre un projet stupide de barrage, qui va détruire une forêt. Ils font face à une répression brutale dans l’indifférence générale. Le 25 octobre, des milliers de personnes convergent sur la zone, pour soutenir le mouvement. Les manifestants reçoivent un déluge de grenade, notamment explosives.
Dans la nuit, les gendarmes tirent des balles en caoutchouc et des grenades mortelles, contenant du TNT, sur les opposants au barrage. Rémi Fraisse, 21 ans, est tué sur le coup, par un tir. L’explosion lui a arraché la moelle épinière. Les gendarmes cachent le corps. Le sommet de l’État est informé, mais tout le monde ment. Le préfet prétend qu’un corps aurait «été retrouvé». Au bout de deux jours, la réalité ne peut être cachée : un jeune homme a été tué par la gendarmerie parce qu’il protégeait la nature.
Des manifestations ont lieu à Gaillac, Nantes, Toulouse, Paris, Rennes et ailleurs. A chaque fois, elles sont férocement réprimées. À l’Assemblée Nationale, le Parti Socialiste refuse une minute de silence pour le défunt.
Pour la première fois depuis 1986, une personne a été tuée par les forces de l’ordre lors d’une manifestation en France. Mais il ne se passe rien. La gauche est aux abonnés absents. Les cortèges, improvisés, diabolisés par les médias, subissent à leur tour des charges et des tirs de grenades. Un vrai cauchemar.
C’était il y a 5 ans. Les violences d’État se sont généralisées, et plus personne ne peut les ignorer. Les tirs de grenades explosives sont devenus monnaies courantes contre les manifestants.
Et la mort de Rémi Fraisse a été étouffée par la justice. N’oublions jamais.