Derrière l’attentat islamophobe de Bayonne, un contexte médiatique et politique qui facilite le passage à l’acte de l’extrême droite.
Pourquoi l’attaque d’aujourd’hui n’est pas le geste d’un «déséquilibré» ni un «acte isolé» :
LES FAITS
Un individu armé a attaqué une mosquée à Bayonne. Lors de son attentat, il a gravement blessé deux musulmans. Il a aussi tenté d’incendier le lieu de culte. L’intention est évidente : blesser, tuer, détruire. Il s’agit d’un acte islamophobe, d’un attentat terroriste dans la mesure où il vise à terroriser une partie de la population.
L’ASSAILLANT
Le tireur, Claude S., est un militant d’extrême droite. Il a notamment été candidat sur une liste du Front National. C’est un supporter de la dynastie Le Pen. C’est aussi un ancien militaire, qui possède donc des armes à feu. Un habitant de son village témoigne : «Ce n’est pas du tout une surprise d’apprendre ce qu’il a fait. Et si vous entendez que c’est juste un vieux déséquilibré qui perd la boule c’est une aberration. [Il est] furieusement raciste […]. En 2015, après l’attentat de Charlie Hebdo, il avait perturbé la minute de silence devant la mairie en vociférant qu’il fallait mettre en place l’état d’urgence et mettre tous les arabes dehors […] tu sentais que c’était une personne violente». Les médias tentent déjà de faire croire à l’acte d’un «fou» ou d’un «déséquilibré», il est donc fondamental de rappeler qu’il s’agit d’un crime islamophobe motivé par un engagement d’extrême droite.
LES COMPLICES
L’attaque s’inscrit évidemment dans un contexte de surenchère islamophobe délirante depuis des semaines. Après qu’un élu du Front National a humilié publiquement une mère de famille portant le voile, les médias et la classe politique se sont déchaîné contre les musulmans. Des polémiques ininterrompues sur le voile, les musulmans et l’immigration déferlent sur toutes les antennes. L’extrême droite est invitée plusieurs fois par jour à la télé. Un chroniqueur condamné pour «incitation à la haine» monopolise les plateaux. Des politiciens, y compris membres du gouvernement ou issus de la gauche, relaient et amplifient cette surenchère. Cette séquence s’inscrit dans la continuité de campagnes anti-musulmanes qui durent depuis des années : les médias ont décidé de faire monter l’extrême droite. De mettre en avant ses idées, ses mots, son agenda. Ainsi, la classe politique, de nombreux journalistes et les milliardaires qui possèdent les grands médias sont complices.
IMPUNITÉ
Il est de notoriété publique que l’extrême droite est en train de s’armer. En France, plusieurs groupes néo-nazis sont impliqués dans des affaires de trafics d’armes ou d’agressions armées. A présent, les racistes passent à l’acte, et tentent de tuer des musulmans, des immigrés, voire des militants de gauche. Plus d’un policier et d’un militaire sur deux vote pour la famille Le Pen. C’était le cas du tireur de Bayonne. Et pendant que cette extrême droite violente bénéficie d’une large impunité et de relais médiatiques, la Justice s’acharne contre les mobilisations sociales et solidaires. Tout est fait pour entretenir un climat favorable aux actes racistes.
MINISTRE
Il faut retenir la réaction du ministre de l’Intérieur Castaner ce soir. Il écrit sur Twitter : «les faits commis à la mosquée émeuvent et indignent». Il parle de «faits», mais pas d’agression, ni d’attentat, ni d’islamophobie. Pour rappel, le même ministre avait qualifié le jet de peinture sur une permanence en Marche ou la destruction d’une porte par un transpalette « d’attentat ». Pour le gouvernement, la vie d’un musulman vaut moins cher qu’une vitrine ou une porte.