Lundi 20 Janvier, Macron invite (encore) les grands patrons à Versailles


Ancien Régime et guerre sociale



Quatre réflexions sur la nature du Régime en place :


1 C’est officiel, lundi 20 janvier 2020, dans trois jours, Macron recevra 200 dirigeants de multinationales pour une «opération séduction» au Château de Versailles. Une provocation assumée en plein mouvement de grève contre le projet de casse des retraites. Au programme : l’invitation de 200 PDG d’entreprises étrangères et françaises dans le palais des Rois, avant de recevoir, mardi, les chefs «d’entreprises intermédiaires» à l’Élysée. En 2019 déjà, 140 patrons avaient été reçus comme des rois à la même date, en plein soulèvement des Gilets Jaunes. À chaque fois, c’est un crachat au visage des millions de personnes qui luttent pour un peu de justice et de dignité. En pleine crise sociale, festoyer avec les plus riches parmi les riches, dans le somptueux château de Versailles, est un symbole de monarchie absolue. Macron est la caricature du Shérif de Nottingham.

2 Le 8 mai 2015, Emmanuel Macron, ministre mais pas encore candidat à la présidentielle, déclarait lors d’un déplacement à Orléans : «il nous manque un Roi». Aujourd’hui, il est au pouvoir. La réception patronale à Versailles est justement organisée quasiment le jour anniversaire de la décapitation de Louis XVI. Comment ne pas y voir un choix symbolique assumé par le pouvoir ? Une revanche monarchique, un clin d’œil assumé à l’Ancien Régime ?

3 Versailles est le lieu de toutes les provocations des puissants. En mars 2014, le grand patron de Renault, Carlos Ghosn, aujourd’hui inculpé pour des détournements de sommes faramineuses, organisait une fête luxueuse dans le Château. Dans une vidéo de cette soirée, on voit les amis du millionnaire s’empiffrer dans le palais du Roi Soleil, privatisé pour l’occasion, entourés de serviteurs déguisés à la mode de l’Ancien Régime. Une soirée de décadence totale pour plus de 600.000 euros. L’argent gagné sur le dos des ouvriers de l’automobile. Ironie de l’histoire, Carlos Ghosn, délinquant en cavale proche de Macron, est aujourd’hui soutenu en sous main par la France.

4 «La première condition de la paix sociale est que les pauvres aient le sentiment de leur impuissance», écrivait l’auteur d’extrême droite Maurice Barrès il y a cent ans. Une réflexion qui pourrait résumer à elle-seule le programme politique du gouvernement Macron. Les milliers de garde à vue, de peines de prison, la liste infinie des mutilations : c’est le bilan d’une séquence où plus aucune expression contestataire, même la plus anodine, n’est tolérée. Il y a 150 ans, Marx et Engels décrivaient les sociétés capitalistes comme des sociétés où l’on avait détruit «tous les liens complexes […], pour ne laisser subsister d’autre lien que le froid intérêt». Il ne resterait que «les eaux glacées du calcul égoïste». Aussi, Macron réalise aujourd’hui une synthèse entre l’Ancien Régime et le néo-libéralisme. Il est l’incarnation d’un capitalisme autoritaire, aux références monarchiques.

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