Invasion de criquets, épidémie, krach : chroniques de la fin d’un monde ?


Apocalypse : du grec ancien ἀπoκάλυψις signifiant «révélation»


Inondations, incendies, épidémie, crise économique et même invasion de criquets : l’époque est traversée par des plaies qui pourraient sortir de récits Bibliques. Comme des signes annonciateurs d’une fin de cycle. Celle d’un monde à bout de souffle.


DÉVASTATION DE CRIQUETS

Alors que la pandémie de Coronavirus monopolise toutes les attentions, on entend très peu parler d’un désastre qui frappe l’Afrique de l’Est : une invasion géante de criquets. Des milliards de ces insectes envahissent l’Afrique et l’Asie. L’État d’urgence est décrété en Somalie. Au Kenya, un nuage de 2400 km² de criquets a été repéré. Le plus gros essaim est formé de 200 milliards d’insectes qui consomment 400.000 tonnes de nourriture par jour. L’équivalent d’aliments pour des millions de personnes est ravagé. Certains nuages font la taille du Luxembourg et parcourent 150 kilomètres en une journée. La Tanzanie, l’Ouganda, le Yémen et le Pakistan sont aussi touchés par le phénomène. Cette première invasion de criquets du 21e siècle bat déjà des record et risque d’entraîner une grave crise alimentaire. Cette plaie serait liée au réchauffement climatique : cette espèce de criquets vient d’Arabie Saoudite, d’Oman et du Yémen, des zones frappées par des cyclones qui ont provoqué la prolifération exponentielle de ces insectes. Du reste, la guerre au Yémen empêche les autorités de contrôler la situation. Un scientifique explique : «Il est certain que cette succession de cyclones est à l’origine de la crise en cours. Nous constatons depuis dix ans une augmentation de leur nombre».

TURBULENCES ÉCONOMIQUES

La pandémie et la guerre des prix autour du baril de pétrole ont plongé les bourses du monde entier vers le Krach. Jeudi 12 mars, la Bourse de Paris perdait plus de 12%, l’une des plus fortes chute depuis la crise de 2008. Une chute qui intervient après une semaine catastrophique pour toutes les bourses de la planète. Le CAC 40 a perdu plus de 20% de sa valeur en trois jours. Le cours du pétrole n’a pas connu une telle baisse depuis 30 ans, sur fond de tensions géopolitiques mondiales. Soyons clairs : les pertes des spéculateurs ne nous importent pas, elle nous réjouissent. Mais un Krach boursier a des répercussions sur l’économie mondialisée et frappe localement les plus fragiles. Par exemple, les retraites par «capitalisation», souhaitées par Macron, sont l’enjeu de spéculations massives et de baisses en cas de crise. Les retraites privatisées peuvent s’évaporer à la moindre turbulence du marché.

Le gouvernement français estime que les pertes provoquées par le Coronavirus «coûteront des dizaines de milliards d’euros». «Nous ferons tout ce qui est nécessaire et même plus», affirme le ministre de l’économie. À la moindre crise, le pouvoir est capable de trouver des milliards pour les entreprises, mais pas pour les besoins vitaux de la population.

DISSONANCE

Discours intriguant d’Emmanuel Macron, jeudi soir sur les écrans : «Il nous faudra demain tirer les leçons du moment que nous traversons, interroger le modèle de développement dans lequel s’est engagé notre monde depuis des décennies et qui dévoile ses failles au grand jour…» Le président banquier, dirigeant capitaliste le plus violent depuis la Libération, celui qui privatise, détruit la santé, l’éducation et pulvérise celles et ceux qui luttent, déploie un discours contre le libéralisme à la faveur d’une crise sanitaire. La dissonance est totale. Les mots sont vidés de leur sens. Le président ajoutait : «Je compte sur nous tous pour inventer dans cette période de nouvelles solidarités». Prenons le au mot, renforçons les complicités, les initiatives autonomes, les résistances.

Le MEDEF quant à lui appelle à «laisser de côté, en suspens les sujets qui fâchent, pour quelques semaines», et à stopper les débats sur la réforme des retraites. «Il faut que tout le monde soit derrière cette espèce d’union sacrée». Le patronat qui voulait imposer le saccage des retraites par tous les moyens manie lui aussi le double discours le plus éhonté.

FIN DE CYCLE

Jamais une épidémie n’avait été autant traitée sous l’angle économique. Les médias parlent beaucoup des conséquences financières et très peu des conséquences humaines et physiques. L’économie a colonisé les imaginaires. L’humain semble devenu obsolète, annexe.

Les politiques néolibérales détruisent les systèmes de santé, qui ne sont plus capable de faire face aux crises sanitaires. En retour, une crise sanitaire devient une menace pour l’économie. Paradoxe du capitalisme.

Le désastre est écologique, économique, social. Il s’approfondit. Les gouvernants comptent gérer les catastrophes en cours et à venir à coups de grenades, de caméras, de confinements et de mensonges. Les «crises» actuelles ne sont probablement que des préludes vers des désastres d’une toute autre ampleur, que les dirigeants souhaitent dépasser par un contrôle et un autoritarisme toujours plus élevé.


Sauf si le système s’effondre. Ce qui n’arrivera pas tout seul.


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