L’expression «Macronavirus» est-elle un «outrage au chef de l’État» ?
Au nom de « l’état d’urgence sanitaire », le gouvernement nous impose des mesures liberticides drastiques depuis des semaines. Assignation à résidence générale, sauf pour celles et ceux qui doivent travailler. Des centaines de milliers d’amendes pleuvent sur la population, et les violences policières les plus barbares se déchaînent dans les quartiers.
Dans ces conditions, l’une des dernières options pour manifester son opinion, reste de déployer une banderole. Depuis le début du confinement, ce sont donc des dizaines de banderoles poétiques, créatives, révoltées, qui sont apparues aux fenêtres et aux balcons de tout le pays.
Le régime policier s’enfonçant chaque jour d’avantage dans la violence et l’absurdité, c’est à présent cette liberté infime, la liberté d’afficher une banderole qui est attaquée.
À Paris d’abord, une banderole «Macron, on t’attend à la sortie !» a été retirée suite à une visite de la police. À Caen, la police municipale s’est présentée dans un domicile pour faire enlever le message : «Il y en a de l’argent magique : du fric pour le service public !» et pour passer un interrogatoire à un habitant. À Marseille, une bâche critiquant l’inégalité d’accès aux tests avait provoqué des perquisitions illégales et des intimidations dans une habitation.
Une étape supplémentaire vient d’être franchie à Toulouse. Le 21 avril la police est arrivée chez des habitants pour leur ordonner de décrocher la banderole affichée devant chez eux : «Macronavirus, à quand la fin» et «soutien au personnel hospitalier». Après avoir fait enlever les banderoles – ce qui est illégal – les agents ont réclamé l’identité d’un habitant. Et dès le lendemain, les forces de l’ordre rentraient dans le jardin sans autorisation pour convoquer cette personne ce 23 avril.
Elle s’y est rendue et a immédiatement été mise en garde à vue. Motif ? Outrage au chef de l’État ! Elle a été interrogée en vue de donner l’identité de ses colocataires, ce qu’elle a refusé tout comme le chef d’inculpation. En sortant de garde à vue, la police lui fait comprendre que cette affaire n’est pas terminée et que ses colocataires allaient également être convoqués.
Le jeu de mot «Macronavirus» a été utilisé des dizaines de milliers de fois lors des manifestations géantes contre la réforme des retraites. Il a été scandé, tagué, peint sur des banderoles et des affiches, publié sur internet. À présent, cette simple expression ironique semble être considérée comme un crime de lèse majesté, et vaut une enquête et un passage au cachot. C’est une atteinte de plus aux libertés les plus élémentaires, sans possibilités de réagir collectivement à cause du confinement.