Derrière les nominations médiatiques à la tête des ministères, ce sont généralement les directeurs et directrices de cabinets, les «dircab», qui pilotent les politiques menées. La position de «numéro 2» au sein d’un ministère est décisive, même si elle passe souvent inaperçue. Et les profils nommés sont pour le moins insolites chez deux ministères très importants : l’éducation et de la justice. Réseaux douteux, absence de séparation des pouvoirs et proximité avec l’extrême droite :
Le N°2 du ministère de l’éducation : ultra-libéral lié à l’extrême droite
Il s’appelle Christophe Kerrero, il vient d’être nommé directeur de cabinet à l’éducation par le ministre Blanquer. C’est un lobbyiste ultra-libéral lié à l’extrême droite. Kerrero siège à la tête de l’IFRAP, un lobby libéral très actif auprès des députés. L’institut milite notamment pour la réduction des effectifs de fonctionnaires. Il y a donc à la tête du ministère qui emploie des centaines de milliers fonctionnaires un personnage qui veut les supprimer. Un homme qui souhaite affaiblir l’enseignement public au sommet de l’éducation nationale.
L’IFRAP a été créé par Jean-Yves Le Gallou, célèbre militant d’extrême droite radicale, ancien président du FN. Kerrero a également été membre du «club de l’horloge», club de réflexion réunissant des personnalités de la droite dure et de l’extrême droite, partageant un projet politique autoritaire et libéral.
Notons que Kerrero est bien installé dans les réseaux de droite, puisqu’il a été conseiller du ministre sarkozyste Luc Chatel. Il a également donné un entretien à l’association «SOS Éducation», liée à l’extrême droite et anti-avortement. Selon Libération, cette association «se rattache à une nébuleuse parfaitement identifiée. Que trouve-t-on sur ce site ? Des références aux ultralibéraux tendance Reagan, aux mouvements anti-avortement et à la mouvance des évangélistes américains, le tout nimbé d’une proximité assumée avec l’extrême droite».
L’enseignement sensé être public, laïc et gratuit est piloté par un individu au profil rassurant !
La N°2 du ministère de la justice est mariée avec le chef de la police
Le 9 juillet 2020, le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti a nommé comme directrice de cabinet la magistrate Véronique Malbec. Cette juriste a connu une ascension fulgurante durant les années Sarkozy, puisqu’elle a été nommée «directrice des services judiciaires» par Michèle Alliot-Marie.
Elle sanctionnera le vice-procureur de Bobigny, qui avait osé, chose rarissime, critiquer la police dans une affaire. De 2013 à 2017, elle est procureure à Rennes, puis à Versailles.
Mais le plus troublant est que Véronique Malbec est mariée à Frédéric Veaux… qui est directeur général de la police nationale (DGPN). Autrement dit, la N°2 à la justice est la femme du N°1 de la police ! Il ne s’agit pas de dénoncer une union, mais de constater que la séparation des pouvoirs, déjà très superficielle, est pulvérisée par cette nomination. Les enquêtes sur les violences policières ou l’affaire Darmanin risquent de rester dans les tiroirs…
Derrière la figure médiatique de Dupond-Morretti, police et justice fusionnent de façon ostentatoire et délibérée.
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