
Le géant du commerce en ligne Amazon cherche depuis un certain temps à s’installer près de Nantes. Un site près de Notre-Dame-des-Landes avait été envisagé. Puis annulé, face au risque trop important de contestations et de résistances sur place. Mais la multinationale n’a pas abandonné : c’est au sud de Nantes, sur la commune de Montbert, qu’Amazon veut imposer un « méga-projet » aussi inquiétant que gigantesque.
Dans le détail, il s’agirait d’un entrepôt de 185.000 mètres carrés sur quatre étages, long de 318 mètres et haut de 23,5 mètres. Il occupera une parcelle de 14,5 hectares, près de l’autoroute A83, et pourra stocker 113.000 mètres cubes de marchandises. Ce sera le plus grand du pays, avec un site qui vient d’ouvrir en banlieue de Metz.
Polluant, destructeur d’emplois, et déshumanisant. Amazon annonce «la présence simultanée 7 jours sur 7 et 24h sur 24 de 790 personnes» dans l’entrepôt. Et jusqu’à 2500 embauches en période de pointe. Des boulots précaires, extrêmement durs, surveillés et guidés par des robots qui transforment les humains en accessoires des machines. Ces boulots ne sont pas seulement déshumanisants, ils détruisent des emplois : on estime qu’un job dans un entrepôt Amazon tue en moyenne 4,5 emplois de proximité : libraire, épicier, vendeur, etc. Enfin, la plate-forme générerait la circulation d’au moins 220 camions et 3 200 voitures par jour.
Selon un journaliste nantais, tout est déjà prévu pour parer les recours que ne manqueront pas de déposer les opposants au projet : «des panneaux solaires» seront installés sur le toit et un reboisement du terrain est prévu, pour maquiller ce projet en installation verdâtre. «Tout est bordé sur le plan environnemental», assure le président de la communauté de communes concernée.
La plate-forme en elle-même est déjà effrayante, mais le groupe qui veut l’implanter l’est encore plus. Amazon est un groupe total, qui fait partie des GAFAM, ces fameux géants du numérique. Commerce en ligne, télévision en ligne, flotte de satellites… La multinationale contrôle déjà une partie du monde et de ses flux et cherche à étendre son pouvoir dans l’espace, dans le temps, dans les esprits.
Le patron d’Amazon n’est autre que l’homme le plus riche du monde : Jeff Bezos. Sa fortune personnelle est estimée à 202 milliards de dollars, soit 170 milliards d’euros. Depuis le début de la pandémie, il s’est enrichi de 87 milliards de dollars. Il est l’un des hommes qui a le plus profité du confinement. Selon l’ONG Oxfam, «Jeff Bezos pourrait, avec les bénéfices qu’il a réalisés pendant la crise, verser une prime de 105.000 dollars aux 876.000 personnes employées par Amazon dans le monde […] tout en restant aussi riche qu’il l’était avant la pandémie de coronavirus». À ce niveau, le totalitarisme de la marchandise ne recule devant rien, ni sur la souffrance, ni sur la destruction de la nature, pour accumuler toujours plus de profits.
Zones industrielles dans l’estuaire, centre commercial géant dans le vignoble, «Surf park», usine de méthane, nouveau CHU et arbre aux hérons : les projets destructeurs, inutiles et nuisibles ne manquent pas autour de Nantes. Les luttes pour y résister non plus.
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