Attaques contre les réseaux sociaux, expulsions… Engrenage mortifère, la terreur d’État et la terreur religieuse
La France s’enferme dans une voie sans issue. Après le crime infâme commis par un individu fanatisé, le pouvoir joue la surenchère autoritaire et raciste. Il oppose à la terreur religieuse la terreur d’État, et multiplie les attaques gravissimes contre les libertés. Une vraie stratégie du choc. Une fuite en avant qui ne peut que mener au fascisme. Quelques brèves d’une époque qui s’accélère :
➡️ Attaques contre les réseaux sociaux. Un député qui veut «modifier la constitution» pour mieux contrôler les réseaux sociaux. Un poids lourd de la majorité qui pointe la «responsabilité des réseaux sociaux» dans un attentat. Un éditorialiste qui appelle carrément à «profiter» (sic!) de la décapitation d’un enseignant pour imposer la Loi Avia, qui permettrait de censurer les réseaux sociaux à grande échelle et sans aucun contrôle. C’est très clair, le pouvoir veut exploiter la sidération pour mettre un tour de vis sur l’un des derniers espaces de liberté d’expression qui reste. Rappelons pourtant que le tueur a agi à visage découvert en revendiquant son acte sur un compte public et non anonyme. C’est donc une attaque contre les libertés de toutes et tous sans lien réel avec le crime de vendredi qui se profile.
➡️ Remise en cause du droit d’asile. Le gouvernement a immédiatement annoncé «l’expulsion de 231 étrangers». Sur quelles bases ? Des expulsions issues de quelle liste ? Probablement les fiches de la police. Mais des milliers de personnes sont fichées S en France pour de simples participations à des manifs. Cette opération est très inquiétante, et préfigure potentiellement d’autres rafles, d’autres opérations ciblées et instantanées. Le gouvernement veut aussi «remettre en cause le droit d’asile», un droit fondamental encadré par le droit international. Cela voudrait dire que la France rejoindrait les pays les plus autoritaires du monde sur le sujet.
➡️ «Des opérations de police ont été lancées contre des dizaines d’individus qui n’ont pas de liens avec l’enquête» mais à qui «il faut faire passer un message» annonce Darmanin. Une mesure authentiquement fasciste : on frappe des individus qui n’ont rien fait uniquement pour les intimider, et on le revendique publiquement pour faire peur à d’autres. Pour l’exemple. Cette initiative peut s’appliquer demain à tous les ennemis désignés de l’État. Dans la même logique, le gouvernement dissout le CCIF, une association luttant contre l’islamophobie, et Baraka City, une structure musulmane caritative. Pour l’exemple là aussi. Le meilleur moyen de polariser.
➡️ Laïcité. Le gouvernement annonce le licenciement du rapporteur de «l’observatoire de la laïcité», une structure pourtant liée au gouvernement. Comme l’observatoire s’était alarmé, entre autres, des attaques contre les musulmans, il n’est plus jugé «crédible». En France, quand les renseignements échouent lamentablement à empêcher un attentat horrible, c’est le rapporteur général de l’observatoire de la laïcité qui est viré. Dans la même logique, les élèves d’Île-de-France vont se voir imposer des carnets de caricatures. La laïcité et les caricatures imposées et interprétées par un gouvernement de droite extrême, un retournement historique.
Le but des djihadistes était de faire peur, de séparer les musulmans de la population, de polariser la situation pour provoquer une guerre de religion. Le gouvernement répond sur toute la ligne à cet objectif, et applique point par point ce qui était recherché, en ajoutant en plus des mesures dictatoriales qui s’appliqueront, demain, à d’autres. Dans cet engrenage macabre, les fascistes veulent la guerre, les islamistes veulent la guerre. Le pouvoir aussi. Et nous sommes toutes et tous perdants.