Média policier : cas d’école


100% mensonge : analyse d’un article de journalisme militant


France 3, chaîne de service public, vient de publier un article ignominieux : littéralement une suite de mensonges éhontés, ne donnant la parole qu’à des policiers syndiqués. Le sujet de cet article ? Répéter en boucle que les manifestants ne seraient pas assez réprimés à Nantes… Vous ne rêvez pas, dans l’une des capitales des mutilations policières, des «journalistes» osent encore publier ce type de propos.

On peut donc lire, sans aucun conditionnel : «Les policiers interpellent des casseurs dont la justice classe aussitôt le dossier sans suite», puis quelques lignes plus loin «les policiers découvrent que le parquet classe ces affaires sans suite !» Notez ce point d’exclamation indigné : un choix des auteurs de l’article, qui s’inquiètent de «l’écœurement, l’exaspération, et du découragement» de la police nantaise.

Pour illustrer l’article, un policier anonyme et un autre, syndicaliste Alliance, inventent un cas de «black bloc» dont «l’affaire a été classée sans suite par le procureur de la République par manque de faits probants». Aucun conditionnel. Pourtant c’est une invention pure et simple, puisque même le Parquet de Nantes, l’un des plus répressifs de France, a dû faire un correctif pour expliquer que ce manifestant est placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès. Fake news journalistique pure.

Dans ce faux article mais vraie tribune policière, le flic interrogé ose même «cela fait dix ou douze ans que cela dure à Nantes». Pour rappel, rien qu’à Nantes ces dernières années, plusieurs centaines, sans doute des milliers de personnes ont été mises en garde à vue lors de manifestations. Souvent «préventivement», pour une banderole, un masque ou un foulard. À Nantes, ce sont des centaines de peines de prison, fermes ou avec sursis, qui ont été distribuées pour des faits généralement inexistants. Des dizaines d’années de prison cumulées. Des gens terrorisés. Qui n’osent plus manifester. Qui ont vécu l’enfermement dans leur chair pour avoir protesté.

Tout récemment, le parquet demandait de la prison préventive pour un jeune inconnu de la justice qui avait un fumigène dans sa poche ! L’an dernier, une «association de malfaiteurs» pour des parapluies et un homard. Des enfermements expéditifs, des procès à charge, des enquêtes avec des moyens délirants pour du matériel de carnaval. Tellement de scandales répressifs qu’on ne les compte plus. Et Nantes a justement été un laboratoire de cette politique judiciaire, puisque dès les expulsions à Notre-Dame-des-Landes, des directives de «fermeté» étaient données aux magistrats. Ça, ce sont des faits, tout l’inverse des inventions de France 3. Il n’y a pas un mot de vrai, dans le tract de la chaîne.

Dans le même temps, les innombrables personnes blessées, mutilées, les proches de tués par la police à Nantes attendent toujours. Trois familles endeuillées – celles d’Abdou, d’Aboubacar et de Steve – patientent depuis des années pour que l’enquête sur la mort de leur proche avance un minimum. Plusieurs éborgnés n’ont jamais obtenu de suites. Ils doivent vivre avec ça. La Justice leur crache au visage. Ce sont des faits. Et ils sont terribles, injustes, révoltants.

Ainsi, pour France 3, chaîne de service public, la répression systématique, les arrestations, l’impunité policière ne sont pas encore suffisantes. Visiblement radicalisés, Christophe Turgis et Fabienne Béranger ont publié ce ramassis de mensonges de bout en bout, avec le point de vue unilatéral d’un policier, sans aucune enquête, aucun fait, aucun contre-point. Avec l’aval de leur direction.

Ces «journalistes» sont des militants qui diffusent un tract. Le problème, ce n’est donc pas les rares journalistes indépendants qui vont, sans moyens, sur le terrain, mais des individus payés avec l’argent public pour intoxiquer la population. Reste-t-il une déontologie journalistique ?

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