Birmanie – Égypte : le capitalisme français partenaire des dictatures

Le 1er février en Birmanie, une junte militaire a organisé un coup d’État. L’opération dictatoriale fait face à un large mouvement d’opposition depuis. Grèves, blocages, manifestations, se heurtent à la puissance meurtrière du régime, qui n’hésite pas à tirer à balles réelles sur les opposant.es. Le 16 mars, au moins 138 personnes avaient été tuées. Aujourd’hui, le bilan semble complexe à établir, mais au moins 3 500 opposant.e.s sont enfermé.e.s à ce jour. Dans tous les cas, via la presse et les réseaux sociaux, tout le monde a pu voir la frénésie meurtrière du régime militaire, et le courage et la détermination des birmans et des birmanes. On pourrait penser qu’il est tout simplement impossible de soutenir la junte qui massacre les manifestants et manifestantes. Mais ce serait oublier que le profit n’a pas de limite morale.

Ainsi, le journal Monde révèle que l’entreprise française Total a financé la junte militaire à travers un montage financier bien rodé, passant par des comptes offshore dans des paradis fiscaux. Depuis 1998, le géant pétrolier exploite un gisement de gaz au large des côtes et le gazoduc qui relie ce gisement à la Thaïlande. Les produits des ventes du gaz, soit des centaines de millions de dollars, ne vont pas à l’État Birman mais à la Myanmar Oil and Gas Enterprise (MOGE), une entreprise publique contrôlée par les militaires, un État dans l’État. En d’autres termes, un grande entreprise française proche du pouvoir finance un régime de terreur qui écrase toute contestation militairement Total a du sang sur les mains. Comble de l’indécence ? La réaction de Total aux révélations du Monde est d’annuler une campagne de publicité qui était prévue dans le quotidien. Par ailleurs, des salariés birmans du groupe ont été empêchés, par la menace, de rejoindre la contestation.

Il n’y a pas qu’en Birmanie que Total est dans le collimateur des contestations. Au Sénégal, des milliers de jeunes sans leaders ont protesté contre la dérive autoritaire du pouvoir et contre les inégalités de plus en plus fortes. Des enseignes françaises on été prises pour cibles, dont Total. Quoi de plus logique ? Total participe du contrôle que la France veut maintenir sur ses anciennes colonies, et n’aide en rien au problème du chômage et de la misère, bien au contraire. Le profit est sa seule boussole, peu importe les conséquences pour les habitant.es du pays concerné.

Une autre entreprise française qui fait des profits sur la souffrance des peuples : Accor, groupe hôtelier français, s’est associé à Max Myanmar Group pour la construction d’un hôtel 5 étoiles. Ce groupe est également proche de l’armée et a participé à la construction d’infrastructures pour empêcher le peuple Rohingya, musulman persécuté, de revenir sur leurs terres dont ils étaient partis en raison des persécutions dont ils faisaient l’objet. Le soutien aux régimes autoritaires rapporte toujours plus que le soutien aux révolutions…

Ce constat malheureux se confirme par la vente de 30 avions de guerre Rafale par la France à l’Égypte d’Al Sissi, bien connu pour son humanisme et sa douceur : Détentions sans procès, tortures, disparitions, visant aussi largement des mineurs, sont utilisées fréquemment par un régime totalitaire qui a éteint la flamme révolutionnaire née de l’insurrection de 2011. D’ailleurs, des manifestations massives ont eu lieu il y a deux ans. Réprimées dans le sang. Macron a déroulé le tapis rouge à Al Sissi, allant jusqu’à décorer en grande pompe ce criminel contre l’humanité. Aujourd’hui, il lui vend des armes de guerre. Faut-il s’en étonner ? Après tout, la France a bien formé les escadrons de la mort des dictatures de Pinochet au Chili, de Videla en Argentine, ainsi que les militaires américains en Indochine. Rappelons que l’ancienne ministre de l’intérieur Michèle Alliot-Marie avait affirmé sa fierté de vendre le savoir faire français en terme de maintien de l’ordre au régime de Ben Ali en Tunisie, alors qu’éclatait la révolution.

Le pouvoir français et les entreprises qui lui sont liées ont du sang sur les mains. Réprimer les contestations, engranger des profits sur le business de la mort, qu’importent les vies humaines. Un programme d’extrême droite. Les criminels sont en costards, à la tête des états et des multinationales. Ces entreprises ont des noms, des adresses, et des représentants ici en France…

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