Cela fait un mois que le peuple colombien descend dans la rue contre le gouvernement ultra-libéral et répressif du président Ivan Duque.
Un mois de manifestations, de grèves et de blocages qui sont très violemment réprimés. Les ONG recensent entre le 28 avril 2021 et le 26 mai 2021, plus de 3000 cas de violences policières dont 43 personnes tuées par les forces de l’ordre, 46 personnes ont perdu un œil du fait des violences policières, 22 personnes ont été victimes de violences sexuelles par des membres des forces de police, des centaines de personnes sont disparues. Il arrive que les corps de manifestants soient retrouvés, des jours plus tard, le long de route. Une stratégie de terreur.
Mais, malgré ce terrible bilan, la mobilisation ne faiblit pas, renforcée par les diverses victoires arrachées :
- Le 2 mai, la réforme fiscale qui avait relancé le mouvement social le 28 avril, est retirée. Un nouveau projet doit être présenté.
- Le lendemain de l’annonce, le ministre des finances démissionne.
- Le 12 mai face à la pression populaire, le président Ivan Duque annonce la gratuité des frais d’inscription à l’université pour les étudiants des échelons les plus modestes. Néanmoins, cette décision ne serait valable que pour ce dernier semestre d’études et pour l’instant, aucun décret officiel ne vient entériner la décision.
- Le 13 mai c’est au tour de la ministre des affaires étrangères de démissionner. Le lendemain, la Commission Interaméricaine des droits de l’Homme demande l’autorisation au gouvernement d’envoyer une délégation pour vérifier les violations aux droits humains en cours. La demande a été rejetée.
- Le 19 mai la réforme de la Santé, également au centre de la contestation, est finalement retirée.
- Le 21 mai, la Confédération sud-américaine de football, Conmebol, décide de délocaliser le tournoi de football latino-américain, la Copa América, qui devait se tenir en Colombie à partir du 13 juin. L’Argentine, l’autre pays organisateur, accueillera l’intégralité de la compétition.
- Le 24 mai, une motion de censure est déposée au Sénat et à la chambre des députés contre le ministre de l’Intérieur. Celle-ci n’a finalement pas aboutie, le Congrès étant majoritairement acquis à la cause du gouvernement d’Ivan Duque.
«Ils nous ont tellement pris qu’ils nous ont même enlevé notre peur» : c’est l’un des slogans des manifestants. Le même que celui utilisé par les insurgés au Chili, qui ont réussi à faire plier le gouvernement l’an dernier, et à inverser la donne sociale et politique dans le pays.
Un autre slogan massivement repris et écrit sur les murs de Colombie : «nos estan matando», ils sont en train de nous tuer. Un cri de désespoir face à la violence policière et économique. Le gouvernement a d’ailleurs déployé l’armée contre les manifestations et la police est accompagnée de civils d’extrême droite qui tirent à balles réelles. Dans ce pays, la population vit sous le joug d’un narco-État ultra-libéral, prise en étau entre les mafias de la drogue et le gouvernement qui travaillent souvent main dans la main pour faire régner la peur.
Les soulèvements en cours en Amérique latine montrent la voie !
Source : Bastamag