Cnews : perversion médiatique


Quand la chaîne d’un milliardaire d’extrême droite prétend défendre la «liberté d’opinion»


Il y a des jours où les campagnes publicitaires sont plus hideuses encore que d’habitude. Plus révoltantes aussi. En se promenant dans les rues, difficile de passer à côté de la campagne de pub de Cnews. La chaîne d’extrême droite a placé sa propagande dans tous les panneaux de pub. Avec en lettres capitales, un message sur «la liberté d’opinion».

En novembre dernier, l’humoriste Sébastien Thoen avait été licencié de Canal+ à la suite d’un sketch parodiant une émission de la chaîne Cnews. Pour cause, Cnews et l’employeur de Sébastien Thoen, Canal+, ont le même patron : Bolloré. Un milliardaire aux idées réactionnaires qui a fait fortune en exploitant, notamment, les forêts africaines. Bolloré élimine tout ce qui sort de la ligne d’extrême droite. D’ailleurs, suite à ce licenciement scandaleux, les journalistes défendant l’humoriste ont aussi été menacés. Un management par l’intimidation et la terreur. Liberté d’opinion prohibée.

Cnews, c’est la chaîne qui diffuse à flux continu, matin, midi et soir, toute la semaine, la pensée raciste, réactionnaire, néolibérale. C’est la chaîne qui rémunère grassement un militant d’extrême droite condamné plusieurs fois pour «incitation à la haine raciale», Eric Zemmour, pour déblatérer ses obsessions chaque soir. Cnews, c’est la chaîne du matraquage idéologique, avec des candidats du RN tous les jours, qui débattent entre eux. La chaîne de la pensée unique lepéniste. Son propriétaire ne s’en cache même pas, le milliardaire veut utiliser cette chaîne comme une arme politique. Et ça marche.

Certains diront qu’en diffusant des contenus néo-fascistes, Cnews cherche à «faire du buzz». Non, il s’agit d’une adhésion idéologique. Le chef d’entreprise n’a d’ailleurs pas hésité à liquider des programmes qui avaient une forte audience et qui étaient rentables, comme les Guignols de l’info, car trop éloignés de sa ligne politique. À côté, les émissions de Zemmour ont trois fois moins de téléspectateurs, mais elles installent au quotidien, dans les esprits, un refrain toxique. En 2019 déjà, Cnews retransmettait en direct pendant des heures une Convention de l’extrême droite : une publicité exponentielle pour quelques dizaines de néo-fascistes qui n’auraient aucune existence réelle sans l’appui des médias. Les milliardaires qui possèdent les grands chaînes font le pari du fascisme. Face aux tumultes sociaux et aux crises, les possédants veulent faire gagner l’extrême droite en saturant l’espace médiatique d’une propagande uniforme.

Mais le plus ignoble, le plus écœurant, c’est que les riches qui imposent cette propagande quotidienne prétendent le faire au nom de «la liberté d’opinion». Alors que la pensée unique, c’est eux. Dans le même temps, les luttes sociales, anti-racistes et féministes sont invisibilisées ou diabolisées dans ces mêmes médias. Quand elles ne sont pas directement écrasées par la répression. Orwellien. Ceux qui monopolisent le temps d’antenne se font passer pour des rebelles et ceux qui n’ont jamais la parole sont traités de «bien pensants». C’est le mécanisme même du pervers : inverser le réel.


Alors que le fascisme montre ses crocs, développons et soutenons nos médias, nos contre-pouvoirs, nos actions


Financez Contre Attaque
Tous nos articles sont en accès libre. Pour que Contre Attaque perdure et continue d'exister, votre soutien est vital. 
Faire un don