Selon les autorités, ils ont fait preuve «d’un engagement remarquable et d’une détermination sans faille qui font honneur à la gendarmerie nationale»
Toujours plus loin dans l’horreur. Alors que des dizaines de policiers ont reçu des médailles suite à la répression des Gilets Jaunes, que le Préfet Lallement a été décoré de la Légion d’Honneur, Médiapart révèle que les trois gendarmes qui ont étouffé Adama Traoré sont médaillés pour l’arrestation mortelle.
Une félicitation pure et dure pour un crime d’État : «Mis en cause dans l’interpellation d’Adama Traoré à Beaumont-sur-Oise, trois gendarmes ont été décorés, en 2019, pour cette arrestation, au cours de laquelle le jeune homme de 24 ans est décédé le 19 juillet 2016».
En tant qu’auteurs de l’interpellation, Romain F., Arnaud G. et Mathias U. ont reçu le 5 septembre 2019 la décoration de la « citation sans croix simple à l’ordre du régiment » pour être « parvenus » à « localiser et interpeller » Adama Traoré le 19 juillet 2016 et pour avoir fait preuve « en la circonstance, d’un engagement remarquable et d’une détermination sans faille qui font honneur à la gendarmerie nationale ». Cette récompense leur a été décernée alors même que, quelques mois auparavant, en avril 2019, les juges d’instruction avaient relancé l’enquête en ordonnant une nouvelle expertise médicale et l’audition de plusieurs témoins.
Décidée par le directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), cette décoration récompense habituellement un gendarme pour un service exceptionnel, un acte de bravoure au cours duquel il a dû affronter un danger. Elle peut être suivie d’une prime annuelle de 500 euros.
« Cette décoration est remise, par exemple, pour un militaire qui a sauvé une personne de la noyade », précise, auprès de Mediapart, un haut gradé de la gendarmerie. « Le message lancé par le DGGN de l’époque, Richard Lizurey, pose problème alors que l’enquête est toujours en cours », conclut-il.
Richard Lizurey est le Général qui a organisé l’expulsion militaire de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en 2018, blessant des centaines de personnes et mutilant un jeune homme, qui avait eu la main arrachée par une grenade explosive.