Ne laissons pas le combat pour les libertés pris en étau entre violences fascistes et violences d’État
À Nantes comme dans le reste de la France, un mouvement puissant se lève contre le Pass Sanitaire et les mesures gouvernementales. Un phénomène de masse, inédit en plein été. Dans ces cortèges, il y a énormément de personnes découvrant les manifestations, beaucoup de familles, de gens très différents. On y trouve le meilleur – de l’énergie, de la jeunesse, de la juste colère – comme le pire – des discours antisémites, des groupuscules fascistes qui avancent masqués.
Ce samedi 31 juillet, comme les dernières semaines, le point de rendez-vous est à la croisée des trams. Mais cette fois-ci, un petit lobby d’extrême droite s’est organisé en sous-main pour saboter la mobilisation. Derrière le groupe des «drapeaux blancs», une bande liée à Florian Philippot qui se présente comme «apolitique» mais travaille avec la police. Ce groupe s’est réuni avant l’heure du départ, et fait démarrer le cortège dès 14h précise, avant même que la plupart des manifestants ne se soient rassemblés. Ce cortège accueille en son sein des éléments ouvertement pétainistes et néo-nazis, et les organisateurs distribuent des T-Shirts et drapeaux blancs, soi-disant au nom de la «paix».
Parti un peu plus tard, un cortège anti-pass sanitaire mais aussi contre l’extrême droite se constitue. En haut de la rue du Calvaire, les deux cortèges se séparent : les «drapeaux blancs» vers les quartiers les plus huppés du centre, l’autre, que nous avons suivi, retourne vers les rues fréquentées pour rejoindre les retardataires. Il est suivi par tout le dispositif policier. Il y a encore énormément de monde dans les rues, plusieurs milliers dans chacun des deux cortèges, autour de 10.000 au total.
Le défilé plutôt jeune, dans lequel résonnent des slogans tournés sur les libertés, passe d’abord saluer les soignants au CHU avant de se diriger vers le quartier de la gare, où se trouve la permanence LREM. Une fois sur place, c’est une unité de la BAC au complet de des camions de gendarmes qui bloquent l’accès. Retour vers le centre, direction la Préfecture. Nouveau blocage policier. Quelques drapeaux blancs égarés crient encore «la police avec nous», alors même que celle-ci empêche de manifester et gaze les cortèges depuis la première date. La foule retourne vers la Place Foch. Un gros dispositif de BAC recule face à l’avancée des manifestants, puis tire de nombreuses grenades. Un camion de police percute un homme, un journaliste est blessé, il y a des tirs de LBD. Une charge renvoie les personnes présentes sur la Place.
Entre-temps, le défilé mené par l’extrême droite s’est contenté de zoner sans but autour du miroir d’eau, dans un espace probablement défini avec la préfecture. Une manifestante emportée dans ce cortège sans savoir qui était devant dénoncera un «sabotage». C’est sur le Cours Saint-Pierre que les deux cortèges se rencontrent.
Une ligne de militants néo-nazis se met en ligne, dégaine des matraques télescopiques en métal, et charge un petit groupe identifié comme «antifa». Cette attaque, menée par des brutes épaisses, a lieu juste devant la BAC qui ne bronche pas. C’est très violent : les fascistes frappent les visages à coups de ceinturons, jettent des plots métalliques de plusieurs kilos, tabassent au sol. L’altercation va durer plusieurs minutes très dures, avec plusieurs charges et contre-charges.
Une fois le premier choc passé, les antifascistes ripostent. Le message est clair : hors de question de laisser ces ennemis de la liberté, ces nostalgiques de Pétain ou d’Hitler, défiler tranquillement en attaquant les manifestant.es pour l’égalité et la liberté. Et manifestement, le message est reçu puisque les nervis d’extrême droite finissent par reculer sous le nombre mais surtout la détermination des manifestant.es attaqués. Les néo-nazis sont mis en fuite par les antifascistes mêlés à des manifestants ulcérés par l’attaque. L’extrême droite est défaite. Il y a des blessés de part et d’autre. C’est précisément à ce moment là, une fois que les fascistes ont été chassés, que la BAC charge à son tour.
Il y aura plusieurs salves de gaz, sur une foule qui n’a aucun autre tort qu’être là, et qui toucheront des familles, des enfants, des femmes enceintes. Dans cette ambiance, pris en étau entre la violence fasciste et la violence d’État, ce qui reste du cortège finit par se disloquer, éprouvé.
Pour apaiser les tensions et créer un moment de convivialité, un apéro banquet est annoncé devant le CHU. Mais là encore, les forces de l’ordre déboulent en trombe et empêchent l’événement. Ce samedi, l’extrême droite a tenté de saboter une grande mobilisation populaire. Refusons ce climat mortifère.
La semaine prochaine, retrouvons nous joyeux, déterminés et nombreux autour de slogans clairs.