Tourisme métropolitain et énième promotion médiatique pour les forces de l’ordre
L’article promotionnel est paru dans la presse locale cette semaine : la vente d’une bière de soutien à la police dans le cadre du festival touristique annuel de la métropole, Le Voyage à Nantes. Le produit est baptisé «Bière du 36» en référence au Quai des Orfèvre, et sponsorisé par un ancien policier, Olivier Marchal, auteur de nombreuses séries pro-flics. L’article répète à trois reprises qu’il s’agit de «clin d’œil» et «d’œillade». Un choix sémantique délibéré ou une coïncidence de très mauvais goût, dans une ville où plusieurs personnes ont été éborgnées par des tirs policiers et concernant une profession désormais connue pour les mutilations qu’elle provoque ?
Cette nouvelle opération de com’ en faveur des forces de l’ordre s’inscrit dans un contexte d’omniprésence de la police dans les médias : des émissions racoleuses aux séries télévisées, les agents sont plus visibles que toutes les autres professions sur les petits écrans comme au cinéma.
Un fait divers ? La police. Une série ? Encore la police. Un reportage ? Toujours la police. Quelle autre métier bénéficie d’une telle pub au quotidien ?
On ne compte plus les grosses productions scénarisées uniquement sous le prisme des forces de sécurité, qu’il s’agisse de séries écrites directement par un l’ancien commissaire Olivier Marchal, ou les longs métrages tels que BAC Nord, fiction de propagande qui parvient à la fois à animaliser les habitants de quartiers marseillais et à héroïser une unité de véritables policiers de la cité phocéenne impliquée dans de nombreuses affaires de trafics de stupéfiants et de rackets. Des chaînes d’information en continu sont allées jusqu’à envoyer des reporters «embarqués avec la police» directement sur les motos des unités de BRAV pendant une manifestation de Gilets Jaunes.
Hégémonique sur le plan militaire, la police domine tout autant le champ du soft power, du contrôle des esprits. Elle recrute même des spécialistes de la communication pour aligner des contre-vérités et semer le mensonge lorsque la violence policière est trop voyante.
Pourquoi n’y a-t-il pas de bière de soutien aux ouvriers du BTP, dont les morts sont beaucoup plus nombreuses que celles de professions de sécurité ? Les orphelins des accidents du travail n’ont-ils pas aussi besoin du soutien du Voyage à Nantes ? Pourquoi un événement culturel de la mairie est-il utilisé comme support publicitaire pour une telle opération commerciale ? Pourquoi la presse locale se fait l’écho de telles pratiques ?