Il y a deux semaines, un rapport historique était publié : le «rapport Sauvé», sous la direction de l’ancien vice-président du conseil d’État, qui révélait l’ampleur des crimes sexuels commis au sein de l’Église catholique. Pas moins de 300.000 enfants ont été abusés par des responsables religieux. C’est la population d’une ville de la taille de Nantes.
Des centaines de milliers d’enfants brisés, des crimes que l’Église a couvert pendant plusieurs décennies. À la suite de cette enquête terrible, le président de la conférence des évêques de France assumait : «Le secret de la confession est plus fort que les lois de la République». La religion au dessus de la loi pour couvrir la pédocriminalité. Une déclaration de religieux séparatiste.
Ce lundi Jean Castex, Premier Ministre d’un pays laïque, se déplaçait officiellement au Vatican pour aller voir le Pape. Il évoque ce soir le «lien millénaire, au point d’être qualifié de filial avec l’Église catholique». Jean Castex reprend donc la formule selon laquelle la France serait la «fille aînée de l’Église», inventée par un religieux au 19ème siècle, reprise depuis par tous les ennemis de la séparation de l’Église et de l’État, et par l’extrême droite opposée à la laïcité.
Le récit médiatique sur la «laïcité» est d’une hypocrisie sans nom. La laïcité, c’est la liberté de croire ou de ne pas croire, c’est la protection de toutes les confessions. Aujourd’hui, ce principe, imposé de haute lutte, en 1905, contre la toute puissance de l’Église catholique, est utilisé uniquement pour frapper la population musulmane. Et dans le même temps, les mêmes dirigeants qui utilisent la «laïcité» à des fins islamophobes détruisent son principe même en se rendant au Vatican. Et à présent en reprenant les poncifs réactionnaires sur les «liens» entre la «Nation française et l’Église».