Argent magique : 56 millions d’euros pour une nouvelle flotte de véhicules lourds
C’était une annonce du «schéma national du maintien de l’ordre» dévoilé par le ministre de l’Intérieur il y a quelques semaines : l’arsenal lourd pour réprimer la population va être considérablement durci. Le rapport expliquait que «l’engagement de moyens aériens (hélicoptères, drones) devra être développé» et «les moyens spéciaux de type engins lanceurs d’eau ou véhicules blindés méritent d’être renforcés» puisqu’ils ont «prouvé leur intérêt» ces dernières années.
Les blindés – en lexique officiel, les VBRG pour Véhicules blindés à roues de la Gendarmerie – ont été achetés après mai 68, dans les années 70. Déployés dans les territoires d’Outre Mer sur les populations colonisées, ils n’ont quasiment jamais été utilisés en Métropole, sauf à de très rares occasions. Ils ont refait leur apparition tout récemment sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ou contre les Gilets Jaunes. Un symbole de la militarisation du pouvoir.
La commande officielle est donc entérinée par le Ministère de l’Intérieur : 90 «Véhicules Blindés de Maintien de l’Ordre» – VBMO –, pour 56 millions d’euros. Ils seront de fabrication française, par la firme Soframe. L’entreprise fournit déjà les forces de l’ordre française, notamment les imposants canons à eau utilisés contre les manifestations.
Pour rappel, la loi de finances 2021 prévoyait une enveloppe «Sécurité» dotée de 13,9 milliards d’euros, augmentée d’un milliard d’euros au titre du plan de relance pour le ministère de l’Intérieur. Pour la Gendarmerie nationale, c’est une hausse considérable de 42% des «dépenses d’investissement». Bref, les hôpitaux et l’enseignement agonisent, mais il y a de l’argent magique pour réprimer.
Première livraison de blindés dès le premier semestre 2022, soit dans quelques mois. «Les véhicules restants seront commandés dès validation de cette tête de série» explique un communiqué officiel. Une «validation» sur le terrain ? Ces véhicules remplaceront progressivement les vieux à roues de la gendarmerie. «Ils permettront aux forces de l’ordre de conduire des opérations de rétablissement de l’ordre dans des environnements dégradés, ainsi que des opérations sous le feu» explique-t-on. En effet, il s’agit d’outils militaires : ces blindés peuvent être utilisés en situation de conflit armé, il est possible d’installer une mitrailleuse sur le toit. Leur petit nom marketing : ARIVE, pour Armoured Infantry Vehicle. Nous sommes en guerre.
Le communiqué du ministère de l’Intérieur