1er décembre 2018. Le soulèvement des Gilets Jaunes déferle sur le pays. Et à Marseille, la colère gronde suite à l’effondrement d’immeubles insalubres qui ont coûté la vie à plusieurs habitants. Des milliers de personnes manifestent pour la dignité, contre le mal-logement, et sont rejointes par le cortège des Gilets Jaunes. Sur la Canebière, c’est l’affrontement. Grenades, charges, affrontements.
Zineb Redouane, octogénaire, ferme la fenêtre de son appartement au quatrième étage, pour se protéger des gaz. Elle reçoit alors une grenade lacrymogène, en tir tendu, en pleine tête. Elle est très gravement blessée au visage. Zineb Redouane meurt le 2 décembre à l’hôpital.
Le ministre de l’intérieur, affirme que la mort de la vieille dame n’est pas causée par la police. Pourtant, l’unité de CRS à l’origine du tir va refuser de faire expertiser ses armes : une obstruction à l’enquête. Des pratiques ouvertement mafieuses. Plus grave encore, on apprendra que des policiers ont « nettoyé » la scène du crime immédiatement, en allant récupérer les projectiles directement dans l’appartement de Zineb Redouane, alors agonisante.
Tout aussi choquant, le procureur en charge du dossier se trouvait avec les CRS qui ont tiré au moment des faits ! Une photo prise le 1er décembre montre ce magistrat habillé en tenue de ninja aux côté des lignes de police. L’homme en charge du dossier était donc aussi au cœur de la répression. Il a depuis été dessaisi du dossier.
Tout dans cette affaire d’Etat est gravissime. 3 ans plus tard, la mort de Zineb devrait être un des sujets majeurs de l’actualité politique. Cette affaire incarne à elle seule les principaux problèmes de l’époque : répression militarisée, néolibéralisme, racisme, mensonge d’Etat, impunité. Nous devons être nombreux et nombreuses à exiger justice pour elle, et pour les autres. Il n’est pas trop tard.
Un hommage a lieu ce jeudi, 18h, rue des Feuillants. Une grande manifestation aura lieu ce samedi à Marseille, à 16h, sur le Vieux Port.