
Dans la cervelle fangeuse de Jean-Michel Blanquer, les profs seraient « choyés » et n’auraient aucune raison d’en vouloir à une administration qui se met constamment à leur service. Pourtant une affaire d’auto-tests périmés vient s’ajouter à la longue liste des moments où le ministre a confondu les fonctionnaires de l’Éducation Nationale avec des paillassons. Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Jean-Mi a les sabots tout crottés !
L’histoire semble anecdotique à côté d’une réforme du bac catastrophique qui fout le bordel dans tous les lycées de France, rompant avec l’égalité de passage d’un examen universitaire, à côté d’une plate-forme Parcoursup qui ne se cache même plus de sélectionner les enfants de la bourgeoisie, du projet d’école « de la confiance » qui cherche à mettre au pas les personnels en leur imposant un devoir de réserve.
Mais l’histoire est symptomatique : le ministère avait annoncé en grande pompe la distribution d’auto-tests pour les personnels de l’Éducation Nationale, mais il n’y a eu que peu d’approvisionnement depuis. Pas grave, l’administration déstocke et distribue tout de même les tests arrivés à expiration. De toute façon le protocole, désuet, ne protège ni les élèves ni personne au sein de l’institution scolaire. L’auto-test gratuit est une poudre aux yeux du ministère pour dire que les autorités agissent, quand bien même les classes n’ont pas été allégées, que les personnels absents ne sont pas remplacés, que l’air n’est pas purifié.
Les enseignant-es avaient déjà reçu des masques toxiques qui étaient traités à la zéolithe d’argent. Fun fact : c’est l’un de ces masques qui avait provoqué une violente quinte de toux à Emmanuel Macron. Le monarque n’avait pas tenu 5 minutes avant de demander à en changer, imaginez un peu tenir une journée de cours en respirant des particules !
Le plan de vaccination avait aussi choyé les profs, en les rendant prioritaires, mais en même temps que les autres, au mois de mai dernier. Pour elles et eux, toutefois, étaient réservées des doses du vaccin AstraZeneca, dont personne ne voulait et qui est aujourd’hui écarté du plan vaccinal. Un vrai cadeau !
À la rentrée de janvier le Conseil scientifique avait prédit un tiers d’enseignant-es contaminé-es d’ici aux vacances de février. Le message est clair avec les tests défaillants : vous pouvez bien aller crever, les profs sont la dernière roue du carrosse, à peine bons pour déstocker. Test ou pas test, de toute façon vous choperez le virus ! Une façon de piétiner un peu plus toute une profession, et d’assurer également la garderie des enfants qui, cas contacts, empêcheraient leurs parents d’aller au turbin.
Pendant ce temps-là, la hiérarchie des donneurs d’ordres se gave toujours un peu plus avec une augmentation des salaire de plus de 5000 euros en moyenne par an pour les hauts fonctionnaires, alors que les salaires des inspecteurs et chefs d’établissement avaient été déjà généreusement revalorisés. Les salaires des enseignant-es, eux, stagnent malgré l’inflation : depuis trente ans leur revenu a diminué en moyenne de 30% par rapport à l’ensemble des salariés.
Les profs sont tellement choyés que désormais un-e enseignant-e en fin de carrière en France gagne moins qu’un-e enseignant-e en début de carrière en Allemagne. Et encore, on ne parle même pas des sous-personnels qui valent moins que rien aux yeux des dirigeants : AED, AESH, personnels d’accueil ou de ménage… Autant de personnes mises dans l’incapacité de remplir correctement leur rôle, quand bien même celui-ci est indispensable pour le bon fonctionnement de l’école.
Face à ce mépris stratosphérique d’un ministère dirigé par une ordure de première, l’histoire des tests périmés paraît bien anecdotique. Anecdotique, mais symptomatique d’un pouvoir qui déteste ses profs et son école, trop occupé qu’il est à choyer (pour de vrai) la caste policière.
Bonus : l’article que nous avons récemment écrit sur l’Oncle Fétide :
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