La désinformation au Quotidien : cas pratique


On ne s’attendait à rien, mais on est quand même déçus


Pourquoi les médias indépendants sont-ils absolument nécessaires ? Un exemple concret, survenu cette semaine, en pleine tempête autour de la dissolution de notre média.

L’équipe de Quotidien, célèbre émission du groupe TF1 – propriété de la multinationale Bouygues – a débarqué à Nantes pour la procédure de dissolution qui nous vise. Notre équipe a accepté de leur répondre. Il faut dire que Quotidien a longuement insisté pour nous interroger : après plusieurs appels et relances, nous avons réservé l’arrière salle d’un bar pour recevoir ces messieurs.

Il a fallu de la patience ! Près d’une heure de questions malhonnêtes et accusatrices. «Nantes révoltée commet-elle des violences ?». C’est un média, et il ne commet pas de violences contre la vérité comme le fait régulièrement TF1. «Nantes révoltée est-elle un groupuscule ?» Pas plus que l’équipe de Quotidien. «Vous trouvez normal que Nantes Révoltée ait publié une photo d’affiche représentant Macron en Pétain ?» Ce monsieur a rendu plusieurs fois hommage à Pétain et à l’extrême droite durant son quinquennat.

Nous avons démonté tranquillement ces attaques, sans oublier de clasher les crapules qui nous gouvernent et les médias dominants. Si Nantes Révoltée est un «groupuscule politisé», alors Cnews l’est tout autant. Ce que nous avons rappelé.

Qu’en reste-t-il de notre interview dans le sujet ? Devinez quoi ? Rien ! Pas une seconde. Pas une image. Pas un son. Le résultat final à l’écran montre l’équipe de Quotidien qui descend à Nantes pour faire un sujet sur Nantes révoltée sans Nantes révoltée !

Pire que ça, le reportage indique que tout le monde parle de Nantes Révoltée, mais que «personne n’assume d’en faire partie». Après avoir rencontré trois personnes de notre équipe, c’est un peu fort de café.

Le “journaliste” réussit même l’exploit de dénoncer des extraits de notre revue, filmée en gros plan, mais en coupant les réponses que nous lui avons faites au sujet des articles qu’il dénonce. Du grand art. En l’occurrence, l’extrait d’un horoscope parodique, se moquant du gouvernement, et des photographies d’affiches prises dans la rue considérées comme des photomontages. Surtout, ne parlons pas trop des articles de fond qui composent l’essentiel de la revue.

Tout le reste est du même style. Images «chocs» de la manif, et mise en avant d’un slogan sans aucun contexte pour l’expliquer, interview insipide d’une députée LREM croisée “par hasard” et en bonus le titre du reportage qui nous désigne comme un «groupuscule» alors même que nous avons longuement expliqué notre démarche de média indépendant.

Il apparaît clairement que le but n’était pas de nous donner la parole, mais de nous piéger. Et que cela n’a pas marché. Au montage, l’interview des concerné-es disparaît donc. On ne s’attendait à rien, mais on est quand même déçu-es. Un regret : on aurait dû rester faire la grasse matinée !

Pour compenser, Quotidien est allé poursuivre, par surprise, une personne qui vendait des exemplaires de notre revue en manif pour nous soutenir. Elle est présentée comme la seule personne qui assume faire partie de notre média alors que sa réponse est claire : «Chacun et chacune peut faire partie de Nantes Révoltée». Isolée, pas préparée, entourée par l’équipe de “journalistes”, elle est sommée de s’expliquer, comme dans un tribunal, sur la «violence prônée contre la police». Nouveau piège, nouvel échec : une réponse avec panache et bon sens. Comme le libraire interrogé sur nous dans un établissement nantais vendant notre revue. Big up à ces personnes !

Chers médias des milliardaires, usines à faire reluire le pouvoir, surtout ne changez pas. Chaque jour qui passe, vous prouvez la nécessité d’une information débarrassée du capital et de ses valets. Si vous avez fait disparaître les personnes impliquées dans Nantes Révoltée de votre reportage, cela ne signifie qu’une seule chose : que votre travail de chiens de garde est incompatible avec une information libre et indépendante. Ne pas être tombé-es dans votre piège est pour nous un motif de fierté.

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