Quelques nouvelles de la police française


Chronique de l’ensauvagement policier et de son impunité


Une image de la police en France : pas très glorieuse, mais dangereuse.

La police perquisitionne à la mauvaise adresse : elle lui casse le bras

Hervé habite dans le Val-de-Marne, il travaille dans un ministère. Vendredi 4 février, il est 6h20 du matin et sa porte explose. Il est violemment plaqué au sol par un groupe d’individus. Cambriolage ? Agression ? Non, il s’agit d’une perquisition. L’interpellation est tellement violente que le bras d’Hervé est cassé net. «Ils m’ont demandé mon nom et ont vite compris leur erreur», raconte Hervé. Les policiers sont intervenus à la mauvaise adresse. Ils repartent, laissant Hervé la porte et le bras fracassés. «Je n’arrive pas à dormir et je ne peux plus rien faire» explique Hervé, en arrêt de travail avant son opération, et qui dénonce «un véritable traumatisme» dans le journal Le Parisien.

Un commissaire percute une ambulance

Mardi 8 février, un bolide fonce à toute vitesse dans les rues de Paris. En chemin, la voiture percute de plein fouet une ambulance du Samu. Un médecin est blessé. Le chauffard ? C’est un commissaire de la préfecture de police de Paris. Le fonctionnaire avait demandé à son chauffeur de «rouler à forte vitesse» et «d’activer les gyrophares» pour rejoindre une réunion à laquelle il était en retard. Comble de l’histoire, le commissaire est «le chef de la division régionale de la sécurité routière». Il est lui-même en charge du service qui s’occupe des infractions routières, des radars ou encore des taxis. Suite à l’accident, une enquête a été confiée au «Service de traitement judiciaire des accidents». Un service qui, justement, est dirigé par le policier mis en cause dans l’accident…

Non lieu pour la mort de Liu Shahoyo, assassiné par la police

Le 26 mars 2017, des policiers de débarquent dans un appartement parisien à la suite de l’appel d’un voisin. Liu Shaoyo, père de famille quadragénaire, est abattu dans son domicile, devant ses filles Nathalie et Isabelle. Les policiers prétendent avoir tiré en état de légitime défense, sous la menace d’un couteau. Il s’agit en fait d’une paire de ciseaux, utilisés pour cuisiner du poisson. Une fille du défunt expliquait : «La porte s’est ouverte, le coup est parti». La famille a entamé un long combat judiciaire. En 2019, la justice prononçait un «non-lieu», confirmé en novembre 2020 en appel. La Cour de cassation vient prononcer un «non lieu définitif». Non lieu ? Pourtant la mort de ce père de famille a bien eu lieu. Et ceux qui l’ont tué ne seront jamais puni.

Un maire convoqué par la police pour crime de lèse majesté

Le maire de la commune de Lavaurette, dans le Tarn et Garonne, avait remplacé le portrait de Macron par la Déclaration des droits de l’Homme dans sa mairie. Il a été convoqué illico à la gendarmerie pour «outrage à personne dépositaire de l’autorité publique». Après avoir décroché le portrait présidentiel, ce maire l’avait renvoyé à la préfecture avec une lettre lui demandant si elle préférait «suivre le chemin de Jean Moulin ou celui de Maurice Papon». Plainte, procureure, audition. Le crime de lèse majesté n’a jamais été aboli.

L’agent de la BAC avait écrasé volontairement un adolescent

Dans leurs procès-verbaux, les policiers juraient que le jeune homme avait «sauté sur le capot» et que la voiture de police avait «bloqué sa progression», osant même dire qu’il s’agit d’une «technique d’intervention classique». La vérité, c’est qu’un jeune mineur de 17 ans a été écrasé à Douai en septembre dernier par un véhicule de la BAC. Alors qu’il fuyait la police, la voiture lui a causé des «lésions sur les jambes et une fracture au pied, qui lui ont valu six semaines d’ITT». Résumé clairement par la victime, lors du procès : «Ils m’ont roulé dessus». Une version confirmée par de nombreux témoignages et un certificat médical, contrairement aux versions «fluctuantes des policiers». Même les juges sont choqués par «l’absence totale de remise en question» de l’agent. Un an de bracelet électronique et interdiction d’exercer pour l’écraseur de mineur et menteur assermenté.

Un policier qualifie une victime d’agression sexuelle de «grosse pute»

Dans la nuit du 4 février, une femme subit une agression sexuelle en pleine rue à Paris. Elle dépose plainte. Le lendemain, un policier l’appelle pour lui demander de venir au commissariat pour une «confrontation». Mais il oublie de raccrocher le téléphone. Dans la messagerie, un torrent d’insultes contre la victime : «Putain, elle refuse la confront’ en plus, la pute. Comme par hasard. En fait, c’était juste pour lui casser les couilles» puis «Putain, grosse pute». En France, les violences sexuelles sont massivement impunies et le suivi des plaintes mal pris en charge par les autorités qui, bien souvent, culpabilisent les victimes. Il faut dire que le ministre de l’Intérieur est lui même accusé de viol.

10 jours de cavale offerts au policier qui a tué sa femme

Le 28 janvier dernier, des policiers parisiens débarquent chez leur collègue qui n’est pas venu au travail. Chez lui, ils retrouvent le cadavre de sa conjointe, assassinée. S’en suit une campagne médiatique abjecte : des policiers disent à la télévision qu’il vont tout «arranger», qu’il ne doit pas «commettre l’irréparable», comme si ce n’était pas déjà fait. Et des insinuations sont diffusées sur la victime. Le policier est en fuite, avec son arme de service. Presque deux semaines s’écoulent. Le 10 février, la préfecture lance finalement un avis de recherche avec la photo de l’agent et son nom, Arnaud Bonnefoy. 12 jours, alors qu’il n’aurait fallu que quelques heures pour n’importe qui d’autre. Le lendemain, une personne reconnaît le véhicule du suspect, retrouvé à Amiens. Le policier tueur court toujours. L’État lui a offert 12 jours d’avance


Image : @tulyppe

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