Refus, meetings annulés et chahutés
«90 refus»
L’ouest de la France et la Bretagne en particulier sont des terres hostiles à l’extrême droite depuis bien longtemps. Les partis néofascistes y font des scores très bas, les mobilisations sociales et écologistes y sont importantes depuis des décennies. Pourtant, le parti d’Eric Zemmour comptait y organiser un meeting avant la présidentielle ce mercredi 23 février. Mais son équipe s’est heurtée à un échec.
«Nous avons appelé 90 salles en Ille-et-Vilaine. Nous avons été refusés partout» se lamente le délégué départemental du mouvement dans la presse. «Sauf à Saint-Coulomb», petit bourg de 2800 habitants près de Saint-Malo. Avant cela, Zemmour n’a pas pu organiser de grand meeting en Bretagne, dans aucune grande ville ni aucune grande salle. Partout, il a trouvé porte close.
Cocktail contre meeting
Alors que ce meeting devait avoir lieu demain mercredi à Saint-Coulomb, un cocktail Molotov a été lancé contre le bâtiment la nuit dernière. Et les façades ont été recouvertes de slogans sans équivoque : «Zemmour dégage!», «Breizh Antifa», «Pas de facho dans le 35». Visiblement, il état inacceptable pour certains habitant-es de voir le parti d’un pétainiste multi-condamné pour appel à la haine raciale venir parader dans leur ville. Le mairie a porté plainte, et a prudemment décidé d’annuler le meeting alors qu’une manifestation antifasciste était aussi programmée.
Exception nantaise
Cet état d’esprit n’a pas infusé jusqu’à Nantes, ancienne capitale Bretonne. En tout cas, pas chez les élus. Le 30 octobre dernier, le candidat pétainiste débarquait dans notre ville, dont la mémoire reste marquée par 50 otages fusillés par l’occupant nazi, pour tenir un meeting dans la plus grande salle de l’agglomération : le Zénith de Nantes. Un événement très médiatisé.
Le lieu relève de la Métropole, dirigée par la socialiste Johanna Rolland, par ailleurs directrice de campagne d’Anne Hidalgo. Les responsables PS nantais ont donc délibérément déroulé le tapis rouge aux néofascistes, alors même que des dizaines de communes l’ont refusé avant et après eux. Une honte absolue.
Heureusement, les nantais et nantaises ont sauvé l’honneur. Alors qu’aucune organisation de gauche n’a osé appeler à marcher sur cette salle fournie par la Métropole aux pétainistes, plusieurs centaines de personnes se sont organisées pour perturber l’événement. Plusieurs heures de blocages autour du site, le périphérique occupé et bloqué, des centaines de grenades tirées par la police. Le meeting d’extrême droite a même démarré en retard, cerné de forces de l’ordre et il s’en est fallu de peu pour que Zemmour n’arrive pas jusqu’à la salle.
Alors que l’appareil médiatique et politique offre des tribunes quotidiennes aux nostalgiques des rafles et du colonialisme, aux admirateurs du racisme d’État et de la collaboration, et que le climat politique est asphyxiant, la Bretagne reste une terre qui résiste au fascisme, et le montre par des actes.
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