Le groupe antifasciste lyonnais GALE dissout par le gouvernement


On lui reproche d’appeler à des manifestations ou de « tenir un discours idéologique ». À qui le tour ?


Le porte-parole du gouvernement l’a annoncé fièrement ce mercredi 30 mars, en pleine campagne électorale : le Groupe Antifasciste Lyon et Environs – GALE – a été dissout en Conseil des Ministres. Il y a deux semaines, la police politique avait traqué des membres du collectif pour leur donner un document : une «notification» lançant la procédure de dissolution.

Les avocats de la GALE ont contesté et envoyé un recours contradictoire la semaine dernière. Mais cela n’a pas suffit. Tout est allé extrêmement vite. Et ce mercredi, le gouvernement dissout officiellement le groupe. Ses plate-formes de communication devraient être supprimées sous peu, et ses membres – réels ou supposés – seront légalement interdits de se réunir et de lutter ensemble.

C’est une censure débridée, une répression administrative, donc extra-judiciaire : le pouvoir peur décider de «dissoudre» un groupe dont les idées lui déplaisent en quelques jours seulement. Quasiment sans possibilité de recours. Le ministère de l’Intérieur s’appuie sur la «Loi Séparatisme» votée sous le mandat de Macron, avec le soutien des élus d’extrême droite. Cette loi a déjà permis de dissoudre plusieurs organisations musulmanes, mais aussi plus récemment des associations de soutien à la Palestine, accusées de «propager la haine» parce qu’elles s’opposent au colonialisme. Concrètement, la procédure de dissolution de la GALE s’appuie sur des éléments très faibles :

  • Le groupe aurait «légitimé» des actions «par un discours idéologique dirigé contre la violence et le racisme d’État»
  • Avant le 1er mai 2021, la GALE avait «appelé à une journée de lutte».
  • Le gouvernement reproche également à la GALE de s’être réjouit de la dégradation d’un local néo-nazi à Lyon.

Appeler au 1er mai, avoir un discours engagé et s’opposer à l’extrême droite : voilà qui suffit désormais. C’est un précédent extrêmement grave. Des dizaines d’associations, collectifs ou partis peuvent être dissout pour les mêmes motifs. Alors même que les discours de haine ont droit de cité dans les médias des milliardaires et qu’un pétainiste multi-condamné est candidat à l’élection présidentielle.

Avec la dissolution de la GALE, le projet est clair : supprimer nos moyens de communiquer, de se mobiliser, de se défendre. C’est le même projet qui motivait la dissolution de Nantes Révoltée. Sans suite pour le moment.

Cette procédure de dissolution serait la première à viser un groupe de gauche depuis la dissolution d’Action directe en 1982, qui pratiquait la lutte armée. La GALE deviendrait le premier groupe antifasciste dissout en France depuis quarante ans. Mais ses membres ne baissent pas les bras : «On ira au Conseil d’État. On ne va pas lâcher. On fera encore parler de nous, c’est sûr. Ils ne vont pas nous clouer la bouche avec une dissolution» expliquent-ils à la presse. Sur leur page, on peut lire : «Cette dissolution ne nous fait pas peur, elle n’est en réalité qu’un coup électoral pour séduire l’électorat d’extrême-droite». La procédure témoigne «du manque d’imagination de ceux qui pensent pouvoir diriger. Nous ne sommes pas seul.es, notre mouvement est hétérogène et massif, nous continuerons à lutter contre les fascistes, contre les gouvernants et pour un autre monde. À bon entendeur, restez sur vos gardes.»


Contre les dissolutions, contre le fascisme, solidarité avec la GALE !


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