L’extrême droite se prépare à la guerre en toute impunité
Le fascisme tue, en 2022, au cœur de Paris. Le 19 mars dernier, un rugbyman de renommé internationale, Federico Martín Aramburú, et un de ses amis, rugbyman également, sont visés par des tirs. Le premier est abattu en pleine rue, plusieurs balles dans le dos. Père de famille, il laisse des enfants et une femme en deuil. Le joueur vient d’être assassiné par un néo-nazi, parce qu’il s’était opposé à une agression raciste : ceux qui allaient lui tirer dessus avaient rudoyé un SDF devant lui, en le traitant de «sous-homme» et en répétant «on est chez nous».
Le tireur s’appelle Loïk Le Priol, membre du GUD – Groupe Union Défense, fasciste – ancien militaire, auteur de nombreux actes de violences. Il est notamment connu pour avoir torturé un de ses camarades et d’avoir diffusé les images sur internet, mais aussi d’avoir étranglé une femme à Djibouti, alors qu’il était soldat. Le Priol se vantait d’avoir «buté plus d’un mec». Son complice, qui a également tiré des coups de feu, s’appelle Romain Bouvier. Rejeton de bonne famille, fils d’une avocate médiatique, il a suivi des cours à la fac de droit d’Assas. «Le mec venait en costard en cours» explique un de ses anciens camarades. Dans le privé, Bouvier aime se définir comme «un gentleman fasciste». Sur son compte Facebook, il s’affichait à plusieurs reprises arme au poing. Sur l’une d’elle, il est en treillis, fusil d’assaut en bandoulière.
Au domicile parisien de Romain Bouvier, les enquêteurs ont saisi une dizaine d’armes à feu de différents calibres, un gilet pare-balles siglé Police, mais aussi un exemplaire, en allemand, du livre Mein Kampf et une statuette de son auteur, Adolf Hitler. Ces gens ne se cachent même pas. Ils sont nostalgiques du nazisme, ont des réseaux dans la haute société, et font l’acquisition d’un véritable arsenal de guerre. Coïncidence troublante, la nuit de l’assassinat, Loik Le Priol avait, lui aussi, exhibé un brassard de police. Qui fournit ces fascistes ? Qui les protège ? Comment des miliciens d’extrême droite, poursuivis pour des violences extrêmes, peuvent se promener armés au cœur de Paris, alors que le moindre Gilet Jaune accusé d’outrage se voit privé de liberté de circulation ?
Parmi les soutiens des tueurs, on trouve notamment d’anciens membres du GUD. Certains font partie de la garde rapprochée de Marine Le Pen. Frédéric Châtillon, proche de la candidate, était militant du GUD dès sont plus jeune âge, où chaque année il fêtait l’anniversaire d’Hitler, avant de s’engager dans les jeunesses nationalistes croates et de travailler pour une librairie diffusant des ouvrages néonazis. Il y a aussi Axel Loustau, qui a carrément versé la caution d’un autre militant, proche du duo de tueurs, impliqué dans l’affaire de torture.
En France, une extrême droite ouvertement fasciste se prépare à la guerre dans une impunité quasiment totale. En première ligne, il y a l’extrême droite dédiabolisée, celle qui montre ses chatons, monopolise les plateaux télés et réunit des millions de voix dans les urnes. Juste derrière, des nostalgiques d’Hitler commettent des violences, s’arment, tuent.
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