IL Y A 4 ANS, MACRON ATTAQUAIT LA ZAD DE NOTRE-DAME-DES-LANDES


L’un des premiers gestes forts du quinquennat : détruire la ZAD


Lundi 9 avril 2018. La préfète de Loire-Atlantique se félicite, à Nantes, des opérations de destructions sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes qui viennent de commencer. Macron est au pouvoir depuis moins d’un an et il pose son premier geste fort : l’assaut militarisé d’une zone de lutte écologiste et anticapitaliste.

Trois mois plus tôt, le 17 janvier 2018. Macron annonçait l’abandon du projet destructeur d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. L’aboutissement de 50 ans de lutte. De 10 ans d’occupation de la zone. De manifestations mémorables rassemblant des dizaines de milliers de personnes – paysannes, urbaines, occupantes, jeunes et moins jeunes, émeutières ou pas – dans les rues de Nantes ou les sentiers de Notre-Dame-des-Landes. L’aboutissement de batailles rangées dans le bocage et de journées de reconstruction dans la boue. De rencontres et de nuits de fête. De dizaines de comités locaux et de longs débats.

Mais immédiatement après, Macron se venge. C’est son style, faire payer le plus cher possible à ses opposant-es le moindre recul. 2500 gendarmes, des drones, des hélicoptères et des bulldozers sont envoyés sur la zone. Plus de 13 000 grenades sont tirées en quelques jours. La main d’un jeune homme est arrachée au mois de Mai. Pour la première fois depuis Mai 68, des blindés sont déployés en métropole. Ils seront réutilisés plus tard pendant les Gilets Jaunes. Il y a une intense résistance sur zone, avec des reconstructions collectives et des manifestations particulièrement tendues au cœur de Nantes, regroupant des milliers de personnes.

Cette vague d’expulsions destructrice laisse des traces indélébiles. Des dizaines de maisons détruites, des centaines de blessé-es, des peines de prison. Des rancœurs entre différentes composantes de la lutte. Au printemps 2018, la zone autonome, incontrôlable et inaccessible à la police, a vécu. L’aéroport est abandonné, son monde mortifère règne encore. Mais il reste, dans le bocage, un espace qui cultive, qui nourrit les luttes, qui accueille, qui expérimente. Et des territoires en lutte ont éclot partout, contre les projets inutiles, destructeurs, écocidaires, du Poitou à la périphérie parisienne, de Grenoble au cœur de Marseille.

N’oublions pas cette première séquence d’expulsions, lors du premier quinquennat de Macron. Elle a inauguré un cycle de barbarie répressive. N’oublions pas non plus que les résistances sont innombrables face aux blindés du pouvoir.


? : Marin Driguez, Maka, Presse