La police manifeste pour le permis de tuer et arrête Amal Bentounsi, dont le frère a été abattu par un agent

Le soir du second tour de l’élection présidentielle, deux hommes étaient abattus par un policier au cœur de Paris. Sur le Pont Neuf, à deux pas de la préfecture, un agent avait braqué un fusil d’assaut et tiré 10 balles en quelques secondes sur un véhicule, pour un refus d’obtempérer. Des tirs à l’armes de guerre. Deux frères, noirs, sont tués, un troisième est blessé. Les faits sont d’une telle gravité que le fou de la gâchette est mis en examen pour «homicide volontaire», une qualification rarissime pour un policier. Malgré les éléments accablants, le tireur est laissé libre à l’issue de sa garde à vue.

En réaction, ce lundi, le syndicat de police d’extrême-droite Alliance appelait à un rassemblement en soutien au policier poursuivi. La manifestation réclamait «la présomption de légitime défense». Cette vieille revendication portée initialement par les partis fascistes n’est rien d’autre qu’un «permis de tuer» en toute impunité de la part de la police. Une police déjà surarmée, gavée de privilèges, et désormais équipée de fusils d’assaut.

À Paris, des familles de victimes de violences policières et militant-es sont venues exprimer leur colère face à cette provocation. Ce midi, face au rassemblement du syndicat policier, des pancartes «Alliance : lobbyistes de l’impunité» et une banderole «la police mutile, la police assassine» est déployée. Mais au bout de quelques secondes, déjà, des forces de l’ordre encerclent le groupe et tentent d’arracher la banderole. Seule la police est autorisée à manifester.

Nadia, membre du «collectif Pour Souheil», un jeune tué par la police en 2021 à Marseille, explique : «Ils nous ont tout de suite nassé, bousculé et violenté. Ils ont attrapé quelques manifestantes qu’ils ont isolées et ils nous ont tous verbalisés». Sabrina Waz, une autre militante sur place, raconte : «les policiers n’ont même pas laissé le temps à la banderole de se déplier qu’ils étaient déjà dessus pour l’arracher. Après cela, nous avons tous subi un contrôle d’identité et certains ont été embarqués». Tous les manifestants exfiltrés et reçoivent une amende pour «participation à une manif interdite».

Cela ne s’arrête pas là. Amal Bentounsi, dont le frère a été abattu d’une balle dans le dos par un policier en 2012, et fondatrice du collectif «Urgence notre police assassine», est embarquée dans un véhicule. Avec elle, au moins deux autres militants sont interpellés.

Non seulement les syndicats policiers organisent une manifestation scandaleuse destinée à soutenir un tireur à l’arme de guerre, après des faits accablants qui ont coûté deux vies. Non seulement ils réclament un permis de tuer. Mais en plus des agents interpellent une victime de violences policières. On ne peut qu’exprimer toute notre solidarité avec Amal Bentounsi, et toutes celles et ceux qui gardent la tête haute face aux violences d’État.


Image : Sihame Assbague

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